Le Devoir

Le potentiel de la culture pour renforcer le tissu social

« La culture de père en fils » est le titre qui aurait très bien pu coiffer la conversati­on du 31 mai intitulée « Mieux vivre ensemble » qu’animera Christian Denis, conseiller municipal à la municipali­té de Deschambau­lt-Grondines, en compagnie de son fils

- THIERRY HAROUN Collaborat­ion spéciale

S

i son père s’implique dans le monde culturel notamment par l’entremise de la politique à titre de conseiller municipal et de responsabl­e des dossiers culturels dans la municipali­té rurale de Deschambau­lt-Grondines, Maxime Naud-Denis souligne que son implicatio­n se fait sur le plan entreprene­urial. « On a des réalités assez différente­s, mais au final on atteint le même objectif, c’est

à-dire le développem­ent culturel », note-til. Ainsi, son engagement envers le rayonnemen­t de la culture dans sa région se traduit entre autres par une salle de spectacles qui se situe au second étage de sa microbrass­erie, pouvant accueillir 250 personnes assises ou 550 personnes debout. On y présente des prestation­s de toutes sortes à l’année.

Unique microbrass­erie dans l’ouest du comté de Portneuf, la microbrass­erie Les Grands Bois, mise sur pied par cinq jeunes sous forme de coopérativ­e, est située à Saint-Casimir, dans un ancien cinéma datant de 1946. On y trouve une boutique, et le visiteur a l’occasion de découvrir l’envers du décor de la production de bières artisanale­s en participan­t à une visite guidée des installati­ons brassicole­s, de même que de l’ancienne salle de projection, qui compte deux projecteur­s Gaumont conservés dans leur état original.

Maxime Naud-Denis soutient que la salle de spectacles, qui peut présenter jusqu’à trois spectacles par fin de semaine, a changé la donne culturelle pour le mieux dans sa région. Pas étonnant que la page Facebook de cette jeune entreprise ait déjà été aimée plus

de 4400 fois. « On a, à notre façon, changer le paysage culturel de Saint-Casimir. On a une offre culturelle en continu. Et pour les gens de la région, ça fait une place où sortir. » Ainsi, son projet porteur a obtenu un soutien financier de la MRC de Portneuf (par l’entremise du Pacte rural) et du Mouvement Desjardins (Fonds d’aide au développem­ent du milieu). La culture au coeur de la vie

« La culture comme cadre de référence ! » c’est le titre qu’a choisi Christian Denis, également conservate­ur au Musée de la civilisati­on du Québec, pour coiffer le texte de présentati­on de son animation du 31 mai. On y lit, entre

autres, que la culture « doit être ancrée, novatrice et inclusive. C’est à travers des repères forts que l’identité, le sentiment d’appartenan­ce et la créativité citoyenne se manifesten­t. Il faut que les institutio­ns municipale­s et autres puissent favoriser et mettre en place les politiques et les structures nécessaire­s pour encourager une appropriat­ion citoyenne de la vie culturelle ». Ainsi, pour M. Denis, le développem­ent culturel d’une collectivi­té ne va pas sans un réel soutien politique.

La force de la volonté politique

Christian Denis en veut pour preuve les 9 à 10 % du budget de la municipali­té de Deschambau­lt-Grondines, située dans la région de Portneuf, qui sont consacrés au loisir culturel. « C’est

énorme ! » dit-il avec raison. Ce qui n’est pas étranger à la vitalité culturelle de sa municipali­té. Il donne comme exemple l’achat par sa municipali­té du couvent des Soeurs de la Charité de Deschambau­lt pour le transforme­r en école de musique, qui accueille quelque 400 élèves. « On s’est dit que la culture est un facteur attractif majeur pour le développem­ent économique de notre région, soutient l’ethno-historien de formation. Grâce à cette volonté politique, notre municipali­té n’est pas seulement un endroit où l’on travaille, mais aussi un espace où la qualité de vie prime, un endroit auquel on s’identifie, où l’on développe un sentiment d’appartenan­ce. On a le goût d’y rester, de s’y incruster. » Celui qui porte le dossier culturel de sa municipali­té depuis 20 ans à titre de conseiller municipal souligne que ce sentiment d’appartenan­ce est déjà ancré chez ceux qui sont chargés de développer et de piloter les projets culturels, ce qui change tout. « Nous n’avons pas, comme les grands centres, une armada de fonctionna­ires qui portent des dossiers. Chez nous, ceux qui portent les dossiers, ce sont les gens du milieu, les bénévoles, qui ont le soutien politique », affirme-t-il.

Objectifs atteints

Christian Denis souligne que sa municipali­té compte, non pas une, mais

bien deux bibliothèq­ues faisant partie du Réseau Biblio. Et qui dit culture à Deschambau­lt-Grondines dit patrimoine bâti. On y retrouve en effet pas moins de neuf bâtiments cités ou classés datant des XVIIIe et XIXe siècles. « Le patrimoine est une donne importante, note-t-il. Les gens viennent ici pour voir notre riche patrimoine. »

D’ailleurs, des travaux de restaurati­on de l’ancien couvent des Soeurs de la Charité de Deschambau­lt sont en cours. Une fois les travaux achevés, d’ici deux ans, quelque 2,5 millions de dollars y auront été investis, avec l’appui financier de Québec, de la municipali­té et du Fonds de l’aluminerie Alcoa de Deschambau­lt pour les collectivi­tés durables.

Le conseiller se réjouit du fait que tous les objectifs inscrits au sein de la politique culturelle de sa municipali­té datant de 2006 ont été atteints. « Nous

avons tout réalisé ! dit-il. Nous allons donc en produire une nouvelle. Pour cela, nous devons désormais nous projeter dans le futur. Et ce sera vraiment intéressan­t de voir vers quoi on va s’en aller. »

 ?? MICROBRASS­ERIE LES GRANDS BOIS ?? Unique microbrass­erie dans l’ouest du comté de Portneuf, la microbrass­erie Les Grands Bois a été mise sur pied par cinq jeunes sous forme de coopérativ­e, à Saint-Casimir.
MICROBRASS­ERIE LES GRANDS BOIS Unique microbrass­erie dans l’ouest du comté de Portneuf, la microbrass­erie Les Grands Bois a été mise sur pied par cinq jeunes sous forme de coopérativ­e, à Saint-Casimir.

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