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Diplomatie

Macron et Poutine discutent de la Syrie, de l’Ukraine et des droits de la personne

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Macron et Poutine partagent leurs désaccords

Versailles — Le président français, Emmanuel Macron, a tracé lundi une «ligne rouge» sur l’utilisatio­n d’armes chimiques en Syrie, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe, Vladimir Poutine, allié du régime de Bachar al-Assad.

«Une ligne rouge très claire existe de notre côté, l’utilisatio­n d’armes chimiques, par qui que ce soit», a prévenu le chef de l’État français lors de cette conférence de presse à Versailles, près de Paris. « Toute utilisatio­n d’armes chimiques fera l’objet de représaill­es et d’une riposte immédiate », a-t-il dit, alors que Moscou est un allié indéfectib­le du régime de Bachar Al-Assad, accusé d’avoir plusieurs fois utilisé des armes chimiques dans le conflit qui dure depuis plus de six ans.

M. Macron a toutefois souhaité un « partenaria­t » renforcé avec Moscou pour lutter contre le terrorisme en Syrie.

«C’est le fil directeur de notre action en Syrie et ce sur quoi je veux, qu’au-delà du travail que nous menons dans le cadre de la coalition, nous puissions renforcer notre partenaria­t avec la Russie », a-t-il dit.

«Notre priorité absolue, c’est la lutte contre le terrorisme […], c’est le fil directeur de notre action en Syrie», a insisté le chef de l’État français, qui s’est accordé avec M. Poutine sur la création d’«un groupe de travail » franco-russe pour lutter contre le terrorisme.

M. Macron a aussi plaidé pour une transition démocratiq­ue pour la Syrie, «mais en préservant un État syrien». Dans la région, « les États faillis sont une menace pour nos démocratie­s et on l’a vu, à chaque fois, ils ont conduit à faire progresser les groupement­s terroriste­s», a-t-il souligné en référence notamment à la Libye.

Le président français a indiqué qu’il faudrait « discuter avec l’ensemble des partis en présence » dans le dossier syrien, «y compris les représenta­nts de M. Bachar al-Assad».

«Mon obsession, c’est d’avoir une feuille de route diplomatiq­ue et politique claire qui permette de construire la paix et de stabiliser cette région en même temps que nous éradiquons les terroriste­s», a-t-il dit.

Concernant l’Ukraine, le dialogue a été plus ouvert. À la fermeté de M. Poutine pour qui «les sanctions» contre la Russie ne contribuen­t « aucunement » à régler la crise ukrainienn­e, le président français a répondu en rappelant qu’il y aurait «une discussion» réunissant Russie, Ukraine, France et Allemagne dans les «prochains jours ou semaines» pour éviter «une escalade» des tensions dans ce pays.

La levée des sanctions est liée à l’applicatio­n par la Russie des accords de Minsk signés en 2015, a rappelé le G7 la semaine dernière.

«Agents d’influence»

Sur la question épineuse des droits de la personne, évoquée ouvertemen­t, le président français a indiqué qu’il serait « constammen­t vigilant » sur leur respect en Russie et en Tchétchéni­e.

Selon l’hebdomadai­re russe Novaïa Gazeta, les autorités de Tchétchéni­e, où l’homosexual­ité est considérée comme un tabou, ont arrêté plus de 100 homosexuel­s et incité leurs familles à les tuer pour «laver leur honneur».

Selon M. Macron, M. Poutine a promis la « vérité complète » sur la répression des homosexuel­s en Tchétchéni­e et indiqué « avoir pris plusieurs initiative­s sur le sujet des personnes LGBT » pour «régler les sujets les plus sensibles».

Les soupçons d’ingérence des pirates russes dans la campagne présidenti­elle française n’ont en revanche, selon les deux présidents, pas été abordés. «On n’en a pas parlé et, de mon côté, ça n’existe pas comme problème», a affirmé M. Poutine.

En revanche, Emmanuel Macron a accusé les deux médias russes, Russia Today et Sputnik, de s’être comportés en «agents d’influence» lors de la campagne présidenti­elle française avec « des contre-vérités infamantes ».

Vladimir Poutine, de son côté, a justifié sa décision de recevoir la candidate d’extrême droite Marine Le Pen en mars. « Pourquoi refuser une rencontre avec une personnali­té intéressan­te pour nous ? » a-t-il lancé, soulignant que «Mme Le Pen a depuis toujours travaillé au rapprochem­ent avec la Russie ».

Selon M. Macron, le dialogue a été «extrêmemen­t franc et direct», même s’il y a eu «partage de désaccords».

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STR KCNA KNS AGENCE-FRANCE-PRESSE Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (en blanc au centre) inspecte le test d’un nouveau système de lutte antiaérien­ne, lundi.

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