Le Devoir, libre et indépendant de toute influence
Les discussions entourant l’échec de l’alliance électorale entre Québec solidaire et le Parti québécois enflamment les réseaux sociaux depuis la semaine dernière.
Il n’est pas nouveau que la politique échauffe les esprits, et ce n’est pas la première fois non plus que Le Devoir est pris à partie par les sympathisants d’une cause ou de formations politiques. Selon les époques, les militants nous ont reproché d’être tantôt trop à gauche, tantôt trop à droite. Trop nationalistes, ou trop mous. Trop féministes, ou pas assez. Trop solidaires ou sans coeur.
Le Devoir fait ce qu’il a toujours fait. De tout temps et plus que tout autre média au Québec, il anime le débat public sur une question chaude d’actualité. Carrefour de toutes les opinions, Le Devoir suscite le débat, participe au choc des idées, alimente et enrichit la réflexion sur les enjeux sociaux, politiques et culturels qui touchent notre société.
Le Devoir a décidé, par exemple, d’accorder une couverture importante à la question de la convergence ou de l’alliance électorale entre les partis souverainistes, puisqu’à l’approche des élections au Québec, cet enjeu nous a semblé fondamental pour la suite des choses. Aucun autre média n’a accordé autant d’attention et de sérieux à ce mariage avorté qui sera déterminant pour la reconfiguration politique du Québec.
Notre couverture de ce pacte électoral a pris plusieurs formes: entrevues en profondeur, reportages, chroniques, éditoriaux et plusieurs lettres et textes d’opinion de nos lecteurs dans la page Idées.
À la lecture des commentaires de nos lecteurs et sur les réseaux sociaux, je constate une incompréhension et une méconnaissance des genres journalistiques. La couverture factuelle d’un événement par le journaliste ne doit pas être confondue avec la position éditoriale du média. L’opinion du Devoir se reflète exclusivement dans ses éditoriaux. Un journaliste recueille de l’information et rédige son texte de nouvelles selon les règles d’éthique et de rigueur journalistiques.
On doit aussi distinguer la position éditoriale du Devoir des chroniques et des lettres d’opinion. Les chroniqueurs du Devoir signent une analyse personnalisée et étayée et ils sont totalement indépendants. Une lettre d’opinion dans la page Idées ne représente pas non plus la pensée éditoriale du Devoir. Et nous encourageons la poursuite du débat en publiant fréquemment des répliques dans ces mêmes pages.
Comme citoyen et lecteur, on peut être heurté dans nos convictions par un texte d’opinion, mais on peut être d’accord avec le droit à la liberté d’expression seulement lorsque les points de vue exprimés correspondent aux nôtres. Défendre le droit à la liberté d’expression, c’est accepter, comme condition intrinsèque au débat, l’expression de propos qui nous dérangent et qui nous provoquent. N’accuse-t-on pas les algorithmes des réseaux sociaux de nous enfermer dans une bulle de filtres et de nous conforter dans nos valeurs? Le Devoir résiste à la tentation du consensus et de la pensée unique. Il privilégie le débat d’idées et promeut la liberté d’expression dans ses dimensions les plus larges.
L’indépendance du Devoir est sa marque distinctive. Elle lui vaut paradoxalement un concert d’éloges et une cacophonie de critiques. À ces critiques, Le Devoir a répondu historiquement et répondra toujours par une expression d’indépendance.