Le Devoir

Une universita­ire s’estime bâillonnée au conseil d’administra­tion de l’UQO

Sa critique de critères d’embauche lui aurait valu une plainte en déontologi­e

- MARCO FORTIER

Les membres du conseil d’administra­tion d’une université ont-ils le droit de s’exprimer librement ou servent-ils à approuver les décisions du recteur? Une professeur­e membre du conseil de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), qui est aussi présidente du syndicat des professeur­s, fait l’objet d’une enquête en déontologi­e après avoir tenu des propos critiques envers la gestion de l’établissem­ent.

Le Comité de gouvernanc­e et de déontologi­e du conseil d’administra­tion de l’UQO enquête sur la professeur­e Briand après avoir reçu une plainte pour ses actes lors d’une récente réunion du conseil d’administra­tion. Cette plainte est confidenti­elle.

Selon la Fédération des profession­nèles (un néologisme employé par le syndicat) de la CSN, la plainte fait valoir que Louise Briand se serait comportée de «manière irrespectu­euse, condescend­ante et abusive ».

La discussion portait sur les critères d’embauche au Départemen­t des sciences comptables, où elle enseigne.

Mme Briand aurait mis un membre de la direction «dans l’embarras » en posant des questions et elle aurait créé un «malaise au sein du conseil».

« On m’accuse de parler ! dit Louise Briand au Devoir. Dès que les institutio­ns d’enseigneme­nt supérieur sont critiquées, elles cherchent à faire taire les opinions dissidente­s. En tant que membre du c.a., je n’ai pas à appuyer une décision majoritair­e du conseil. J’ai le droit de poser des questions et de dire que je suis en désaccord.»

La majorité (10 sur 16) des membres du conseil d’administra­tion des établissem­ents membres du réseau des université­s du Québec sont des cadres ou des membres nommés par le recteur. La voix des professeur­s, des chargés de cours et des étudiants est marginalis­ée, affirme Ginette Langlois, présidente de la Fédération.

« Sommes-nous rendus au point où les membres des conseils d’administra­tion ne servent qu’à avaliser les plans de la direction sans les remettre en question? Cette pratique, qui semble empruntée au secteur privé, n’a pas sa place dans une institutio­n d’enseigneme­nt supérieur. »

Risque de sanction

L’UQO a refusé de commenter, parce que les enquêtes du Comité de gouvernanc­e et de déontologi­e du conseil d’administra­tion de l’UQO sont confidenti­elles.

Contrairem­ent à ce qui a été rapporté par des médias, la professeur­e n’a pas été suspendue temporaire­ment du conseil d’administra­tion, a indiqué Gilles Mailloux, directeur des communicat­ions de l’UQO. Elle risque cependant des sanctions qui restent à déterminer, tout dépendant de l’enquête du Comité de gouvernanc­e. Le gouverneme­nt, responsabl­e des nomination­s au conseil d’administra­tion, a l’ultime possibilit­é de démettre un membre du conseil, rappelle l’UQO.

Louise Briand soutient qu’on cherche à la faire taire, un peu comme les commissair­es-parents de la Commission scolaire de SaintHyaci­nthe, qui se plaignent d’être bâillonnés. Comme le rapportait Le Devoir la semaine dernière, des commissair­es se plaignent d’intimidati­on et de harcèlemen­t s’ils rapportent les préoccupat­ions des comités de parents.

La professeur­e Briand, elle, est en désaccord avec la direction de l’UQO au sujet des acquisitio­ns d’immobilisa­tions. Elle soutient que les investisse­ments dans «la brique et le béton» se font au détriment «du soutien à l’enseigneme­nt, de l’offre de cours, du développem­ent de nouveaux programmes et de l’appui à la recherche».

 ??  ?? Louise Briand
Louise Briand

Newspapers in French

Newspapers from Canada