Une universitaire s’estime bâillonnée au conseil d’administration de l’UQO
Sa critique de critères d’embauche lui aurait valu une plainte en déontologie
Les membres du conseil d’administration d’une université ont-ils le droit de s’exprimer librement ou servent-ils à approuver les décisions du recteur? Une professeure membre du conseil de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), qui est aussi présidente du syndicat des professeurs, fait l’objet d’une enquête en déontologie après avoir tenu des propos critiques envers la gestion de l’établissement.
Le Comité de gouvernance et de déontologie du conseil d’administration de l’UQO enquête sur la professeure Briand après avoir reçu une plainte pour ses actes lors d’une récente réunion du conseil d’administration. Cette plainte est confidentielle.
Selon la Fédération des professionnèles (un néologisme employé par le syndicat) de la CSN, la plainte fait valoir que Louise Briand se serait comportée de «manière irrespectueuse, condescendante et abusive ».
La discussion portait sur les critères d’embauche au Département des sciences comptables, où elle enseigne.
Mme Briand aurait mis un membre de la direction «dans l’embarras » en posant des questions et elle aurait créé un «malaise au sein du conseil».
« On m’accuse de parler ! dit Louise Briand au Devoir. Dès que les institutions d’enseignement supérieur sont critiquées, elles cherchent à faire taire les opinions dissidentes. En tant que membre du c.a., je n’ai pas à appuyer une décision majoritaire du conseil. J’ai le droit de poser des questions et de dire que je suis en désaccord.»
La majorité (10 sur 16) des membres du conseil d’administration des établissements membres du réseau des universités du Québec sont des cadres ou des membres nommés par le recteur. La voix des professeurs, des chargés de cours et des étudiants est marginalisée, affirme Ginette Langlois, présidente de la Fédération.
« Sommes-nous rendus au point où les membres des conseils d’administration ne servent qu’à avaliser les plans de la direction sans les remettre en question? Cette pratique, qui semble empruntée au secteur privé, n’a pas sa place dans une institution d’enseignement supérieur. »
Risque de sanction
L’UQO a refusé de commenter, parce que les enquêtes du Comité de gouvernance et de déontologie du conseil d’administration de l’UQO sont confidentielles.
Contrairement à ce qui a été rapporté par des médias, la professeure n’a pas été suspendue temporairement du conseil d’administration, a indiqué Gilles Mailloux, directeur des communications de l’UQO. Elle risque cependant des sanctions qui restent à déterminer, tout dépendant de l’enquête du Comité de gouvernance. Le gouvernement, responsable des nominations au conseil d’administration, a l’ultime possibilité de démettre un membre du conseil, rappelle l’UQO.
Louise Briand soutient qu’on cherche à la faire taire, un peu comme les commissaires-parents de la Commission scolaire de SaintHyacinthe, qui se plaignent d’être bâillonnés. Comme le rapportait Le Devoir la semaine dernière, des commissaires se plaignent d’intimidation et de harcèlement s’ils rapportent les préoccupations des comités de parents.
La professeure Briand, elle, est en désaccord avec la direction de l’UQO au sujet des acquisitions d’immobilisations. Elle soutient que les investissements dans «la brique et le béton» se font au détriment «du soutien à l’enseignement, de l’offre de cours, du développement de nouveaux programmes et de l’appui à la recherche».