Le Québec en tête de liste
Près d’une entreprise sur deux a entamé ou complété le virage, plus que dans le reste du Canada
Les entreprises manufacturières québécoises sont celles qui ont adopté les technologies numériques dans une plus grande proportion à travers le pays, révèle un tout premier sondage sur la question qui a été dévoilé lundi par la Banque de développement du Canada (BDC).
Le coup de sonde mené auprès de 960 dirigeants de PME indique que 39% des entreprises canadiennes ont intégré les technologies numériques à leur chaîne de production de manière partielle (36%) ou intégrale (3%).
À l’échelle des provinces, le Québec arrive en tête de liste: 40% des entreprises ont partiellement numérisé leur production et 5% l’ont fait entièrement.
«Le fait que 40% des entreprises canadiennes aient entamé la démarche est, je pense, une bonne nouvelle, mais il reste évidemment beaucoup de chemin à faire», constate Pierre Cléroux, viceprésident et économiste en chef de la BDC, qui explique la bonne performance du Québec par le succès des campagnes de sensibilisation.
Faire les premiers pas
Les nouvelles technologies sont encore sous-utilisées par les entreprises, selon une étude de l’OCDE
Si deux entreprises canadiennes sur cinq ont déjà amorcé ou complété leur virage numérique, une proportion semblable de dirigeants (42%) affirme n’avoir pris aucune mesure en ce sens. Au Québec, le pourcentage baisse à 36 %.
«Il va falloir que les 42% restants y pensent sérieusement, souligne Pierre Cléroux. L’étude montre que les entreprises qui le font réduisent leurs coûts, augmentent leur productivité et augmentent la qualité de leurs produits. Il va donc falloir que toutes les entreprises le fassent à un moment donné.»
Il est vrai que certains pays comme les États-Unis ou le Japon semblent avoir une longueur d’avance en matière d’adoption des technologies numériques, mais le Canada se situe en milieu de peloton, nuance l’économiste en chef.
« Nous ne sommes pas encore en retard, mais une étude de l’OCDE [Organisation de développement et de coopération économiques] a démontré qu’il commence à y avoir deux classes d’entreprises à travers le monde, dit-il. Il y a un écart de productivité qui est en train de se créer entre les entreprises qui adoptent les technologies et les autres. »
Dans une étude publiée au début du mois de mai, l’OCDE a d’ailleurs fait remarquer que les nouvelles technologies sont encore sous-utilisées par les entreprises et que leur mise en oeuvre est surtout l’apanage des grandes compagnies.
Le rapport cite notamment une enquête réalisée en 2015 auprès d’entreprises allemandes: à l’époque, seulement 4% des 4500 compagnies interrogées avaient numérisé leur production ou envisageaient de le faire.
Moins de freins
Les technologies numériques visées par l’étude de la BDC englobent l’ensemble des logiciels et des outils qui permettent d’effectuer un suivi précis de la production. Il s’agit par exemple de capteurs sans fil installés sur des machines pour récolter des données en temps réel.
«Ça permet aux entreprises de vérifier la qualité à chaque étape de la production. Ça leur permet aussi de prévoir l’entretien de l’équipement et de réduire ou d’éliminer les arrêts de production », affirme M. Cléroux.
Les entreprises indiquent que les coûts d’implantation des technologies et la complexité de la transition constituent deux des principaux facteurs freinant leur virage numérique. La bonne nouvelle, plaide le vice-président de la banque d’investissement, c’est que les coûts diminuent et que les contraintes s’effacent à mesure que les technologies se démocratisent.
Selon le sondage de la BDC, 41 % des répondants ont investi moins de 50 000 $ au cours des deux dernières années dans des projets intégrant des technologies numériques.