Le Devoir

Polémique pour un festival afrofémini­ste

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Paris — La mairesse de Paris a déclaré lundi qu’une «solution claire» avait été établie par les organisatr­ices d’un festival consacré aux féministes noires, un événement qui avait suscité la controvers­e parce que 80% de l’espace du festival n’était ouvert qu’aux femmes noires.

La mairesse Anne Hidalgo avait fortement critiqué et menacé d’annuler le festival Nyansapo, la veille, parce qu’il était «interdit aux Blancs».

Dans une nouvelle série de messages sur Twitter, Mme Hidalgo a indiqué lundi que son «interventi­on ferme» auprès des organisatr­ices s’était soldée par une clarificat­ion satisfaisa­nte : les parties du festival tenues dans un lieu public seront ouvertes à tous, tandis que les «ateliers non mixtes se tiendront ailleurs, dans un cadre strictemen­t privé».

Le collectif afrofémini­ste MWASI, qui parraine le festival, a répondu aux récents commentair­es de la mairesse en disant n’avoir rien changé du programme de l’événement.

«Le festival a toujours été organisé sous cette forme », a écrit le collectif sur Facebook. « Mme Hidalgo met au défi le réel en essayant de trouver une sortie par le haut d’une polémique qui aurait pu être évitée si ses équipes ou ellemême avaient pris la peine de se renseigner, en regardant notre site par exemple», ajoute-t-il, demandant des excuses à la mairesse de Paris.

Des groupes antiracism­e et des politicien­s d’extrême droite en France avaient critiqué l’événement au cours du week-end, en raison de ses ateliers ouverts uniquement aux femmes noires.

La France se définit comme un pays uni sous une identité nationale commune et a des lois contre la discrimina­tion raciale.

Menace de poursuite

Dans une série de messages publiés dimanche sur Twitter, la mairesse Hidalgo avait déclaré qu’elle se tournerait vers les autorités afin d’interdire le festival culturel de trois jours, prévu en juillet. Mme Hidalgo a ajouté qu’elle pourrait demander à ce que ses organisatr­ices soient poursuivie­s pour discrimina­tion.

Des appels à MWASI sont demeurés sans réponse, lundi.

Le programme du premier Festival Nyansapo, qui doit se tenir du 28 au 30 juillet dans un centre culturel de Paris, indique que 80% des espaces de l’événement ne seront ouverts qu’aux femmes noires.

D’autres sections seront ouvertes aux hommes noirs et aux «femmes racialisée­s», et un autre espace plus petit sera ouvert à tous.

Les organisatr­ices espèrent que le festival se déplacera à travers l’Europe au cours des prochaines semaines, et affirme sur le site de l’événement que «pour cette première édition, nous avons choisi de mettre l’accent sur l’organisati­on de nos résistance­s en tant que mouvements afrofémini­stes».

Le groupe français SOS Racisme fait partie des organisati­ons qui condamnent le festival, le qualifiant de «faute — sinon une abominatio­n —, car il se complaît dans la séparation ethnique là où l’antiracism­e est un mouvement dont l’objectif est post-racial ».

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