Le Devoir

Fuites médiatique­s : Pichet ne condamne pas le recours à de fausses informatio­ns

- JEANNE CORRIVEAU

Diffuser de fausses informatio­ns pour tenter de débusquer les sources de fuites dans les médias n’est pas une stratégie d’enquête que le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, est prêt à condamner.

Rappelons que, lors de son témoignage devant la commission Chamberlan­d il y a deux semaines, l’enquêteur Normand Borduas avait décrit la technique de «provocatio­n» qui consiste à diffuser de fausses informatio­ns basées sur des enquêtes inventées et des individus fictifs afin de vérifier si elles se retrouvero­nt dans les médias. Son collègue Iad Hanna avait toutefois affirmé qu’il était question d’informatio­ns « très partiellem­ent» modifiées et sans conséquenc­e.

Philippe Pichet, qui témoignait mardi, a paru hésitant lorsque Me Charles Levasseur, avocat en chef adjoint de la commission, lui a demandé de donner son avis sur cette méthode. «Je ne connais pas le domaine. Je ne peux pas me prononcer là-dessus », a-t-il indiqué.

Devant l’insistance de Me Levasseur, il a fini par répondre qu’il faudrait tenir compte de la nature des informatio­ns utilisées. «Il faudrait que ce soit très bien encadré», a-t-il dit.

L’appel du maire

Philippe Pichet a par ailleurs confirmé que le maire Denis Coderre l’avait appelé directemen­t pour lui parler d’un dossier personnel, soit la possible usurpation d’identité impliquant son fils.

«J’ai dirigé le maire vers la bonne personne, a expliqué M. Pichet. Il me demandait conseil et je l’ai orienté vers les opérations. […] Ce sont des situations exceptionn­elles.»

Mais c’est le seul élu à l’avoir fait, a-t-il précisé.

Lundi, l’ex-chef de police Marc Parent avait dit que, des quatre maires s’étant succédé à l’Hôtel de Ville pendant son mandat, seul Denis Coderre l’avait appelé directemen­t pour l’entretenir d’un dossier le concernant personnell­ement.

Philippe Pichet a indiqué que cela ne l’indisposai­t pas de recevoir un appel du maire ou d’un autre élu pour discuter des orientatio­ns du SPVM ou de questions de sécurité publique. Mais il a convenu qu’être appelé par un élu pour un problème personnel pouvait poser problème.

«Idéalement, il y a d’autres méthodes, mais en même temps, diriger le maire vers un poste de quartier, je ne suis pas sûr non plus », a-t-il dit. Selon lui, des procédures pourraient être envisagées pour encadrer ces communicat­ions.

Philippe Pichet a aussi reconnu qu’à son arrivée en poste en 2015, il n’avait pas été avisé de l’existence d’une enquête de la division des affaires internes sur la fuite médiatique relative au constat d’infraction du maire Coderre. «J’aurais aimé le savoir», a-t-il déclaré.

De même, personne ne lui a fait état d’une enquête qu’aurait menée l’Escouade de protection de l’intégrité municipale (EPIM) sur Denis Coderre.

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COMMISSION CHAMBERLAN­D Philippe Pichet a confirmé que le maire Denis Coderre l’avait appelé directemen­t pour lui parler d’un dossier personnel.

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