Le Devoir

Du renfort pour les professeur­s de maternelle et de première année

Les petites écoles favorisées par la méthode du ministre de l’Éducation

- MARCO FORTIER

Les enseignant­s de maternelle et de première année de toutes les écoles du Québec auront droit à une aide à temps partiel en classe à compter de l’automne prochain.

Les enseignant­s de maternelle seront épaulés par un technicien en éducation spécialisé­e une journée par semaine. Les enseignant­s de première année, eux, auront l’aide d’un autre enseignant ou d’une autre ressource profession­nelle, deux jours par semaine.

Fait à noter, en vertu de nouvelles règles mises en place par le ministre Sébastien Proulx, chaque école recevra des fonds pour embaucher ce personnel supplément­aire, peu importe la taille ou les besoins de l’établissem­ent.

Les syndicats d’enseignant­s et les commission­s scolaires estiment qu’il s’agit d’une façon inéquitabl­e de répartir les investisse­ments, parce que les grandes écoles situées en milieu défavorisé ont de plus grands besoins que les petites écoles situées dans des quartiers aisés.

Le ministre de l’Éducation a fait le choix d’investir dans toutes les écoles, parce que tous les jeunes d’âge préscolair­e ou de première année du primaire méritent de «partir du bon pied». Sur 1500 embauches supplément­aires qui seront faites en vue de la prochaine rentrée scolaire, 1183 iront appuyer les enseignant­s de maternelle et de première année.

Quelque 108 ressources iront aussi aider — une journée par semaine — les élèves de deuxième à sixième année du primaire qui ont les plus grandes difficulté­s, dans les écoles les plus défavorisé­es; 223 technicien­s ou profession­nels s’ajouteront

« Toutes les écoles auront le même nombre de ressources, mais les écoles défavorisé­es grands» ont des besoins plus Nathalie Morel, vice-présidente de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt

aussi au secondaire pour prévenir le décrochage, l’intimidati­on ou la toxicomani­e. Des fonds serviront aussi à accompagne­r les parents d’enfants de maternelle ou de première année.

«Quelque chose de troublant»

Il s’agit d’un investisse­ment de 114 millions de dollars pour l’année 2017-2018, déjà annoncé dans le budget du Québec présenté au mois de mars. D’autres investisse­ments plus importants sont prévus au cours des cinq prochaines années.

«Il y a quelque chose de troublant dans la façon de répartir les sommes. Toutes les écoles auront le même nombre de ressources, mais les écoles défavorisé­es ont des besoins plus grands », a réagi Nathalie Morel, vice-présidente de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE).

Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), estime que cette distributi­on décentrali­sée des ressources est un «effet pervers» récemment. de la loi 105 adoptée

Défi de recrutemen­t

Les syndicats s’interrogen­t aussi sur la pertinence de créer des postes à temps partiel, peu attrayants au moment où des commission­s scolaires parviennen­t difficilem­ent à embaucher des enseignant­s et des profession­nels. La Commission scolaire de Montréal (CSDM) — la plus grande au Québec — doit faire preuve d’imaginatio­n pour pourvoir ces postes.

La CSDM prévoit d’ajouter 189 postes en 2017-2018, dont 108 sont attribuabl­es au réinvestis­sement annoncé par le ministre Proulx — technicien­s en éducation spécialisé­e, technicien­s en loisirs, psychoéduc­ateurs, orthophoni­stes, orthopédag­ogues.

Le processus de recrutemen­t «va bon train » à la CSDM, dit la présidente Catherine Harel Bourdon. Le Parti québécois soupçonne le ministre Proulx de chercher à faire des gains politiques en annonçant 1500 embauches tout en sachant que c’est tout un défi de recruter autant de monde d’ici trois mois.

«Le gouverneme­nt a tellement attendu avant d’embaucher des ressources, pourtant nécessaire­s, que les besoins sont maintenant très grands, et ce sont les élèves qui en paient le prix. Le Québec nage pourtant dans les surplus depuis plus de deux ans», a réagi Amir Khadir, de Québec solidaire.

La Coalition avenir Québec, de son côté, applaudit à l’annonce du ministre. « C’est une mesure qui vient assurer un minimum pour les petites écoles, sachant qu’il y a un paquet de mesures [déjà en place] qui assurent l’équité », fait valoir le député JeanFranço­is Roberge.

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FATIH HOCA GETTY IMAGES Les enseignant­s de maternelle seront épaulés par un technicien en éducation spécialisé­e une journée par semaine.

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