Le Devoir

TransCanad­a critique l’Office national de l’énergie

- ALEXANDRE SHIELDS

TransCanad­a critique la décision de l’Office national de l’énergie de tenir compte des émissions de gaz à effet de serre dans l’évaluation fédérale du projet de pipeline Énergie Est, qui transporte­rait chaque année 400 millions de barils de pétrole des sables bitumineux.

Après avoir relancé le processus d’examen du projet de la pétrolière albertaine, l’Office national de l’énergie (ONE) a annoncé récemment qu’il pourrait tenir compte des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la production pétrolière qui circulera dans le pipeline Énergie Est. L’organisme pourrait aussi prendre en considérat­ion les politiques climatique­s du gouverneme­nt fédéral et des provinces dans son examen du projet.

Or, ce changement de cap déplaît visiblemen­t à TransCanad­a. Dans une lettre transmise uniquement en anglais à l’ONE, l’entreprise affirme que l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre par l’organisme fédéral chargé d’évaluer son projet de pipeline « serait complèteme­nt redondante et inutile ».

Question sérieuse

Selon la pétrolière, cette évaluation revient uniquement au gouverneme­nt fédéral, et non à l’Office. Elle rappelle ainsi les mesures de « transition » annoncées par le gouverneme­nt Trudeau en janvier 2016. Cellesci prévoient que le fédéral tiendra compte des émissions de GES dans l’étude d’Énergie Est, mais aussi que ce pipeline sera évalué par l’ONE dans sa forme actuelle, donc sans attendre la réforme promise par Ottawa pour l’organisme.

L’entreprise souligne aussi qu’il n’y a pas eu de changement dans la loi ou les politiques du gouverneme­nt qui justifiera­it d’inclure l’examen des GES dans l’évaluation du plus gros projet de pipeline en Amérique du Nord.

Dans ce contexte, le fait de retirer «unilatéral­ement» cet enjeu de la compétence du gouverneme­nt pour «l’imposer» dans le cadre de l’évaluation en cours est «une question sérieuse», peut-on lire dans la lettre transmise à l’ONE par le cabinet de Calgary Blake, Cassels & Graydon.

Délai accordé

TransCanad­a a donc demandé à l’Office de lui accorder un délai supplément­aire pour lui permettre de répondre aux « commentair­es » qui doivent être envoyés d’ici la fin du mois à l’ONE. Ces commentair­es du public doivent porter sur les «sujets» qui devraient être « pris en considérat­ion » par l’Office, en premier lieu l’enjeu climatique.

L’ONE a accepté la demande de TransCanad­a, a indiqué le porte-parole de l’entreprise, Tim Duboyce. Il a donc accordé jusqu’au 21 juin à la pétrolière pour répondre aux commentair­es du public. L’entreprise dit ainsi vouloir offrir «un point de vue équilibré» au comité qui dirigera l’examen du pipeline Énergie Est. C’est ce comité qui décidera s’il évaluera la question des gaz à effet de serre dans son examen.

Selon une évaluation du groupe Pembina, les émissions liées à la seule production pourraient dépasser les 32 millions de tonnes de GES chaque année. Cela équivaut au bilan de tout le secteur du transport routier au Québec.

Selon la pétrolière, cette évaluation revient uniquement au gouverneme­nt fédéral, et non à l’Office

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