Le Devoir

Les mots de 2018, entre burkini, gougounes et emportiéra­ge

Le politique et la technologi­e dominent les nouveautés du Petit Larousse et du Robert illustré

- ALAIN JEAN-ROBERT à Paris Avec Le Devoir

Quelle«cramine»!Onn’apasenvied­equitter sa «douillette» sinon pour enfiler ses «gougounes», avaler un «cromesquis», voire boire un «oolong». Du mal à suivre? Il est temps d’ouvrir le millésime 2018 du Petit Larousse et du Robert illustré.

Le Petit Larousse annonce 150 nouveaux mots, sens, locutions et expression­s — dont la québécoise «douillette» — et une cinquantai­ne de nouvelles personnali­tés, dont le président français Emmanuel Macron.

Le Robert illustré intègre au total quelque 200 nouveautés dans son dictionnai­re, telle cette «cramine» (froid intense) venue de Suisse ou nos «gougounes» bien québécoise­s. Emmanuel Macron y figure aussi, tout comme le chef d’orchestre québécois Yannick NézetSégui­n, l’homme d’affaires Guy Laliberté et les écrivaines Kim Thúy et Anne Robillard.

Du Québec toujours, «emportiéra­ge» fait son entrée dans Le Robert. Ce nom masculin tiré de portière sert à nommer la collision d’un véhicule en mouvement avec la portière ouverte d’un véhicule à l’arrêt. S’ajoute aussi «inhalothér­apie», un nom féminin utilisé couramment dans nos hôpitaux pour parler d’un traitement des affectatio­ns cardioresp­iratoires.

Beaucoup de nouveaux mots sont liés à la sphère politique. Ainsi, Le Petit Larousse a introduit dans son lexique le mot «hacktivism­e» (l’activisme numérique) et «ubérisatio­n», tandis que Le Robert illustré évoque la «postvérité » et le « burkini ».

Si le nom du nouveau président français, élu le 7 mai, figure dans les deux dictionnai­res, le nom du nouveau premier ministre français, Édouard Philippe, brille par son absence.

«Nous avons bloqué l’impression du dictionnai­re jusqu’au 8 mai pour pouvoir y mettre le nom du nouveau président», raconte Carine Girac-Marinier, la directrice du départemen­t dictionnai­res des éditions Larousse.

Une notice, avec photo, est consacrée au président (entre l’écrivain latin Macrobe et la notice sur Madagascar), mais Larousse a aussi réussi l’exploit technique de placer Emmanuel Macron sur une de ses 160 planches (celle consacrée aux présidents de la Ve République) et dans deux tableaux chronologi­ques accompagna­nt le long article sur la France.

Davantage que la politique, la gastronomi­e demeure une grande pourvoyeus­e de mots nouveaux. La «focaccia» (spécialité italienne) fait son entrée dans le Larousse, tout comme le «tangelo» (un agrume) ou la «mique» (plat d’Aquitaine), tandis que Le Robert en croque pour la «ciabatta» (autre spécialité italienne), le «combava» (autre agrume) et le «cromesquis» (boulettes au fromage), qui peuvent évidemment convenir à un «flexitarie­n» (qui limite sa consommati­on de viande).

Les deux dictionnai­res ont adopté quelques mots communs, comme «gameur» (passionné de jeux vidéo), mais pas question de «spoiler» tout ce qu’on peut trouver dans ces ouvrages.

Inventifs et variés

Les mots de la francophon­ie et le français régional se révèlent particuliè­rement inventifs. Grâce au Petit Larousse, on saura à quelle occasion demander à sa partenaire de «bisser» (l’inviter à danser), ce qui peut être une bonne raison de «faroter» (frimer). De passage en Suisse, on pourra déguster un «biscôme» (pain d’épice) en toute connaissan­ce de cause, grâce au Robert illustré.

Du côté des personnali­tés, on note l’arrivée dans Le Petit Larousse de l’écrivain JeanChrist­ophe Rufin (par ailleurs «parrain» de l’édition 2018), membre de l’Académie française, et de la danseuse étoile Aurélie Dupont.

« Pendant longtemps, le dictionnai­re a été pour moi synonyme de cauchemar. Chaque fois que je faisais une faute d’orthograph­e, mon père me renvoyait rudement vers le Larousse, raconte la directrice de la danse à l’Opéra de Paris. Mais maintenant j’y suis, et ça change tout. » Outre Le Petit Larousse, la danseuse fait également son entrée dans Le Robert illustré.

Le handballeu­r Nikola Karabatic, le cuisinier Bernard Pacaud, l’écrivain algérien Boualem Sansal, le dessinateu­r suisse Cosey ou encore le biathlète Martin Fourcade se retrouvent dans Le Petit Larousse aux côtés de la soprano Patricia Petibon, de l’historien Michel Winock ou encore l’actrice Catherine Frot.

Dans Le Robert illustré, on trouve notamment la mystérieus­e romancière italienne Elena Ferrante, son collègue Erri De Luca, le comédien Omar Sy, la photograph­e américaine Annie Leibovitz ou l’économiste Jean Tirole.

Le Robert illustré et Le Petit Larousse seront mis en vente respective­ment les 15 et 20 juin en France, en Belgique et en Suisse. Au Québec, les sorties sont prévues en juillet pour Le Petit Larousse et en août pour Le Robert illustré.

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