Le Devoir

Le CRTC contre-attaque

Le Conseil assure que ses nouvelles règles vont augmenter le contenu original en français

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

Alors,quiditvrai?Yaura-til plus ou moins de production­s télévisuel­les en français avec les nouvelles règles du secteur ?

Le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) jure que la production va augmenter avec ses récentes décisions liées au renouvelle­ment de licence de certains diffuseurs. Son président, JeanPierre Blais, déplore que « plusieurs informatio­ns erronées de ces décisions [aient] circulé dans les médias récemment». Il signe une lettre ouverte publiée en page A 8 du Devoir.

«Pourtant, seulement 3 des 29 services et stations dont les licences ont été renouvelée­s étaient visés par de telles conditions, écrit-il. Et ces trois services se sont vu imposer de nouvelles conditions qui se traduiront en plus d’investisse­ment en contenu original de langue française. » Le président Blais ajoute que le débat « s’oriente sur des données qui, dans les faits, sont inexactes».

Le CRTC réagit ainsi aux attaques livrées de partout contre la redéfiniti­on des règles de financemen­t d’émissions originales liées au renouvelle­ment de licence de TVA, de Bell, de V et de Corus. Des chroniqueu­rs, des associatio­ns d’artistes, l’opposition aux Communes et même le ministre de la Culture et des Communicat­ions du Québec craignent que ces nouvelles balises n’entraînent à la baisse le nombre d’émissions produites en français au pays.

Le cas de Série + est cité de part et d’autre. Sitôt les nouvelles règles accordées le 15 mai, la compagnie Corus annonçait son retrait de la production de trois séries originales en français pour sa chaîne spécialisé­e dans le genre. Les anciennes règles forçaient la dépense de 1,5 million de dollars par année en émissions originales en français.

Le président Blais réplique que les nouvelles balises forceront Série + à consacrer jusqu’à 7,8 millions à l’acquisitio­n ou à la production de contenu de langue française, dont 4,5 millions pour les dramatique­s, les comédies, les émissions musicales ou de variétés. Il ajoute qu’il sera impossible de consacrer ces sommes au simple doublage d’émissions originales en anglais. « Les groupes devront investir dans de nouvelles production­s canadienne­s de langue française spécifique­s au Québec et aux communauté­s franco-canadienne­s », écrit-il.

Plus de quoi?

Les employés du Conseil en rajoutent. «C’est la première fois que nous appliquons cette approche dans le marché de langue française et c’est peut-être pourquoi nos décisions ont été mal comprises», dit au Devoir Julie St-Pierre, analyste principale du CRTC, chargée du renouvelle­ment des règles. Elle explique que les exigences portent maintenant sur les groupes et non pas seulement sur chacune de leurs chaînes. Les dépenses en contenu national de Corus sont donc considérée­s en bloc, pour Série + mais aussi pour sa chaîne Historia.

«Ce qui permet de la flexibilit­é, poursuit Mme St-Pierre, par exemple pour accorder plus de moyens à une série d’Historia une année et moins à Série +, puis de faire le contraire l’année suivante. Mais au bout du compte, l’exigence pour Corus est plus élevée maintenant qu’avant. Nous avons retranché la condition de licence relative au contenu original de Série +, mais nous avons introduit une exigence de dépenses en contenu canadien plus élevée pour Série + et Historia combinées.»

Elle précise que cette exigence concerne le contenu canadien dans le marché de langue française. La chaîne ne pourrait donc remplir cette obligation avec du doublage puisque seuls les minimes frais de doublage seraient alors pris en compte dans le calcul des dépenses.

Alors, pourquoi Corus a-t-elle débranché la production de trois séries en français sitôt la nouvelle licence accordée ? «Cette question devrait être adressée à Corus », répond Guillaume Castonguay, gestionnai­re des services télé francophon­e du CRTC.

Très bien, et voici la réponse de cette compagnie: « Nous savons que Jean-Pierre Blais du CRTC a émis une note aux médias aujourd’hui concernant le renouvelle­ment des licences de radiodiffu­sion, écrit au Devoir Michel Majeau, chef des communicat­ions de Corus Média. Le CRTC sera en mesure de vous fournir toutes les informatio­ns et explicatio­ns dont vous avez besoin concernant les nouvelles conditions de licences.»

Poursuivon­s. M. Castonguay précise que les conditions sont génériques dans leur applicatio­n. «Nous donnons des cibles sur cinq ans, dit le gestionnai­re. Les décisions des chaînes pour respecter ces cibles leur appartienn­ent.»

Mme St-Pierre ajoute que les nouvelles balises veulent accorder plus de souplesse aux réseaux, qui pourront par exemple concentrer leurs efforts financiers autour de séries plus coûteuses et potentiell­ement plus exportable­s. « Avec la nouvelle flexibilit­é, les chaînes spécialisé­es pourront mettre plus d’argent dans une série et peut-être produire une grande série qui serait plus exportable», conclut-elle. Lire aussi › L’intégral de la lettre du président du CRTC, Jean-Pierre Blais, en page A 8.

Les exigences portent maintenant sur les groupes et non pas seulement sur chacune de leurs chaînes

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URSULA KAUFMANN Lire aussi › La critique de Mélanie Carpentier du spectacle Monument 0 : Hanté par la guerre (19132013), d’Eszter Salamon, présenté au FTA, sur les plateforme­s numériques du Devoir.
 ?? AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Lire aussi › La critique de Philippe Papineau du spectacle de Sigur Rós, sur les plateforme­s numériques du Devoir.
AGENCE FRANCE-PRESSE Lire aussi › La critique de Philippe Papineau du spectacle de Sigur Rós, sur les plateforme­s numériques du Devoir.
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