700 millions de profit en moins d’ici deux ans
L’étude du Conference Board met la table pour l’annonce du plan d’aide d’Ottawa prévue jeudi
Àla veille du dévoilement du plan d’Ottawa pour venir en aide à l’industrie du bois d’oeuvre, une étude du Conference Board du Canada est venue rappeler mercredi l’ampleur des impacts du conflit avec les États-Unis: l’imposition de droits compensateurs pourrait retrancher 700 millions de dollars aux bénéfices des compagnies en l’espace de deux ans.
Dans son rapport, le groupe de recherche indique que les fabricants canadiens de produits du bois verront leurs bénéfices avant impôts fondre d’ici 2018. De 1,8 milliard de dollars en 2016, ils devraient passer à 1,4 milliard cette année, puis à 1,1 milliard l’an prochain en raison de l’imposition de droits compensateurs variant entre 3 % et 24 % sur les exportations canadiennes de bois d’oeuvre.
Des droits antidumping pourraient s’ajouter au cours du mois de juin, lorsque le département américain du Commerce rendra une décision préliminaire sur le sujet.
Recul de l’emploi
Selon le directeur des tendances économiques industrielles du Conference Board, Michael Burt, 1000 emplois dans le secteur canadien du bois d’oeuvre auraient été créés l’an prochain en l’absence des droits américains, pour atteindre 93 300 emplois. Mais étant donné la situation actuelle, le nombre d’emplois devrait plutôt reculer à 91 000.
Le Conference Board calcule en outre que les droits payés, selon les niveaux actuels d’exportation, coûteront 1,7 milliard de dollars par année aux producteurs canadiens d’ici à ce qu’une entente commerciale soit conclue entre le Canada et les États-Unis.
«Même si les États-Unis demeurent la principale destination des exportations de produits du bois canadiens, les nouvelles restrictions commerciales pourraient favoriser un changement de cap vers les marchés asiatiques, notammentla Chine», souligne M. Burt.
Quelle forme d’aide?
L’étude du Conference Board met la table pour l’annonce d’Ottawa, qui doit présenter ce jeudi son plan d’aide pour soutenir l’industrie du bois d’oeuvre.
À la fin avril, le gouvernement du Québec a offert 300 millions de dollars en garantie de prêt aux entreprises touchées par le conflit, et il attendait une action du gouvernement Trudeau depuis.
Selon les informations recueillies par La Presse canadienne auprès d’une source gouvernementale qui a requis l’anonymat, le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, annoncera jeudi un soutien financier totalisant 1 milliard de dollars.
Cette aide pourrait prendre la forme d’un assouplissement du programme d’assuranceemploi, de garanties de prêt et
de fonds pour aider les compagnies à développer des innovations et de nouveaux marchés.
Soutien nécessaire
L’Union des municipalités du Québec (UMQ), qui a mené une mission commerciale à Washington à la mi-mai pour rencontrer des élus et des représentants de l’industrie forestière américaine, espère que l’aide d’Ottawa prendra
la forme d’une garantie de prêt, mais elle demeure ouverte aux solutions qui seront proposées.
« La demande prioritaire, c’était un programme de garantie de prêt pour permettre à l’industrie forestière d’absorber les contrecoups de la crise. Cela dit, toutes les mesures qui vont permettre de soutenir les communautés et les familles dans les régions forestières seront les bienvenues», affirme le porte-parole de l’UMQ, Patrick Lemieux.
«Pour nous, le soutien du gouvernement est important parce que plusieurs régions forestières québécoises sont affectées par le conflit sur le bois d’oeuvre. On a déjà eu vent, au cours des dernières semaines, de mises à pied qui sont directement liées à l’imposition des droits compensateurs», ajoute-t-il.
« Les mesures qui seront annoncées [jeudi] seront des mesures à court terme. À notre avis, le gouvernement fédéral doit conclure un nouvel accord négocié avec les partenaires américains plutôt que de laisser les tribunaux trancher, comme ça s’est fait dans le passé.»