Climat: Trump tourne le dos à l’Accord de Paris
Aussitôt mise sur la table, la suggestion de Trump de renégocier l’entente est rejetée
Dans un geste qui pourrait être lourd de conséquences pour le climat de la planète, le président américain, Donald Trump, a annoncé jeudi que les États-Unis allaient se retirer de l’Accord de Paris sur le climat. Il a du même coup affirmé qu’il était prêt à négocier une nouvelle entente «équitable» pour les Américains, une option immédiatement rejetée par plusieurs pays.
«Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens, les ÉtatsUnis se retireront de l’Accord de Paris sur le climat», a annoncé Donald Trump depuis les jardins de la Maison-Blanche.
«Je ne veux rien qui puisse se mettre en travers de notre chemin pour redresser l’économie américaine », a poursuivi le président. Or, a-t-il soutenu, l’accord signé à Paris en 2015 est nuisible «aux travailleurs, aux consommateurs, à l’industrie et à l’économie américains». Il a du même coup réaffirmé son intention de soutenir l’industrie énergétique, dont celle du charbon, la pire source d’énergie fossile.
«Cet accord est moins à propos du climat que pour permettre à d’autres pays d’avoir un avantage sur les Américains», a ajouté M. Trump, avant d’affirmer que «la Chine pourra continuer de polluer pendant des années » en vertu de cette entente climatique.
Qui plus est, la décision de quitter l’Accord de Paris « n’aura pas beaucoup d’impact » sur le climat de la planète, selon le président Trump. Les États-Unis sont le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre, avec près de 15% des émissions mondiales.
Donald Trump a par ailleurs indiqué que les États-Unis seraient prêts à «négocier un nouvel accord» qui serait «équitable» pour l’économie américaine.
Le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques a toutefois fermé la porte à cette option. Dans un
«Nous
sommes profondément déçus d’apprendre que le gouvernement fédéral américain a décidé de se retirer de l’Accord de Paris Justin Trudeau
communiqué, l’organisme a fait savoir qu’un tel accord, fruit de négociations menées par 195 États, ne peut être renégocié à la demande d’un seul État. Qui plus est, 147 États l’ont déjà ratifié, dont les États-Unis.
Pour s’en retirer, Washington devra toutefois attendre. Officiellement, un pays ne peut le faire que trois ans après l’entrée en vigueur du texte, effective depuis le 4 novembre 2016. Ensuite, il y a un préavis d’un an avant de sortir concrètement de l’Accord. Cela signifie que la décision de Donald Trump ne devrait pas intervenir avant 2020, soit en pleine campagne présidentielle américaine.
Critiques mondiales
Malgré les intentions du gouvernement en place à Washington, la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, a souligné son intention de poursuivre la mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Selon ce que prévoit le gouvernement chinois, le premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète doit cependant seulement plafonner ses émissions d’ici 2030.
Les responsables de l’Union européenne ont pour leur part soutenu jeudi que le retrait des États-Unis est carrément inacceptable. Une dénonciation reprise par plusieurs dirigeants politiques, mais aussi par les groupes environnementaux et certains représentants du monde des affaires.
«J’estime que les États-Unis devraient se trouver à l’avant-garde», a déclaré pour sa part l’ancien président Barack Obama, accusant le gouvernement Trump de se joindre «à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir ».
«Nous sommes profondément déçus d’apprendre que le gouvernement fédéral américain a décidé de se retirer de l’Accord de Paris », a commenté le premier ministre canadien, Justin Trudeau.
« Ce n’est pas une bonne nouvelle, a fait valoir Hugo Séguin, spécialiste des négociations climatiques internationales et professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Mais il ne faut pas oublier que le gouvernement fédéral américain n’a jamais été très proactif. » Selon lui, les États américains vont poursuivre leurs plans climatiques, comme ils le font déjà.
M. Séguin redoute cependant les impacts financiers de la décision américaine, puisque le pays devait participer au financement du fonds annuel de 100 milliards de dollars promis aux pays en développement, pour leur permettre de s’adapter aux changements climatiques et d’amorcer une transition énergétique. Au moment d’annoncer le retrait, jeudi, Donald Trump a d’ailleurs dit que ce fonds aurait coûté «des milliards de dollars» aux contribuables américains.
«Le retrait des États-Unis signifie en outre qu’on réduit les engagements pris en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre»,a insisté M. Séguin. Une situation dont les impacts climatiques pourraient être importants, surtout dans un contexte où l’ambition des États est déjà insuffisante.