Wall Street signe des records
New York — Wall Street a signé des records en clôture jeudi après une hausse attribuée à un indicateur encourageant sur l’emploi privé aux États-Unis: le Dow Jones a progressé de 0,7% et le Nasdaq, de 0,8%. Les trois principaux indices de la Bourse de New York ont terminé à des niveaux jamais vus en clôture.
L’annonce d’un retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat par le président américain, Donald Trump, n’a pas semblé jouer sur les indices car, selon Art Hogan de Wunderlich Securities, les marchés avaient déjà pris en compte une telle décision.
Selon les résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones a avancé de 135,53 points à 21 144,18 points et le Nasdaq, à dominante technologique, de 48,31 points à 6246,83 points. L’indice élargi S&P 500 a gagné 18,26 points, soit 0,8 %, à 2430,06 points.
«Les indicateurs ont été dans l’ensemble meilleurs que prévu», a affirmé M. Hogan. Les créations d’emplois dans le secteur privé aux ÉtatsUnis ont fortement progressé en mai, dépassant largement les attentes des analystes, a indiqué la société de services informatiques ADP. «J’ai l’impression que ça vient s’ajouter au tableau d’une amélioration de l’économie, ce qui est important après un premier trimestre un peu faible», a commenté Chris Low, de FTN Financial.
Dans l’immédiat, cela a surtout redonné de l’élan à Wall Street et fourni une dose d’optimisme sur l’emploi à la veille de la publication des chiffres mensuels officiels et plus complets du gouvernement américain.
Climat: les républicains disent bravo
Sur le plan climatique, les alliés républicains du président Donald Trump ont applaudi jeudi sa décision de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat. Leur base électorale n’en attendait pas moins, même si l’opinion américaine en général est de moins en moins climatosceptique. Les Américains étaient majoritairement hostiles à une sortie de l’Accord de Paris. Mais dans le détail, ce sont les démocrates qui s’opposent, pas les républicains. Selon un sondage YouGov réalisé pour le Huf fington Post en mai, 46% des électeurs de Donald Trump étaient favorables à un retrait de l’Accord et 22% n’avaient pas d’opinion. À l’inverse, 92% des électeurs d’Hillary Clinton souhaitaient que les États-Unis y restent.
Depuis son entrée en fonction, le président Trump gouverne à l’intention de son coeur d’électorat, de l’immigration à l’environnement et à la sécurité, déterminé à appliquer sans fléchir ses promesses de campagne. Il peut s’appuyer sur des centaines d’élus conservateurs, qui eux-mêmes représentent des régions où le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont des moteurs de l’économie locale, du Midwest au Texas et aux bassins du centre des États-Unis. En particulier, le secteur du charbon produit encore 30% de l’électricité américaine. Et bien qu’il ne représente plus que 50 000 emplois, concentrés dans les régions conservatrices du Wyoming, de la Virginie occidentale et du Kentucky, il exerce une influence politique démesurée.
Au Congrès, la majorité républicaine a facilement adopté cette année des lois annulant des réglementations environnementales de l’ère Obama. Et jeudi, les élus ont salué par dizaines l’annonce présidentielle.
Tous ces républicains ne contestent plus forcément la réalité des changements climatiques ou de la responsabilité des activités humaines. Leur argument est d’abord économique: fermer les centrales au charbon ou forcer les opérateurs à utiliser plus d’énergies renouvelables serait coûteux à court terme en matière d’emplois, ainsi que pour le prix de l’électricité. Un raisonnement qu’avait employé le président républicain George W. Bush dès son arrivée au pouvoir en 2001 pour rejeter le protocole de Kyoto réglementant les émissions de dioxyde de carbone, signé par son prédécesseur démocrate, Bill Clinton.
Si des grandes entreprises comme ExxonMobil ou General Electric s’opposaient à la sortie de l’Accord, de nombreux groupes et lobbies industriels poussaient Donald Trump à annuler l’héritage Obama. La puissante US Chamber of Commerce, plus grande fédération patronale du monde, arguait que la mise en place de l’Accord coûterait plus de 3000 milliards de dollars à l’économie américaine d’ici à 2040. L’organisation politique conservatrice Americans for Prosperity, financée par les frères milliardaires Koch, à la tête d’un empire industriel et chimique, soutenait aussi le retrait, tout comme des dizaines de groupes conservateurs, qui eux-mêmes financent largement les campagnes des républicains.