Le Devoir

Le Québec, égalitaire, pourrait faire mieux

- LIA LÉVESQUE

Le modèle québécois réussit bel et bien à réduire les inégalités, mais il ne favorise pas mieux qu’ailleurs au Canada l’ascension sociale, c’est-à-dire les chances pour un enfant d’un milieu pauvre d’espérer atteindre un plus haut niveau de revenu.

Telle est l’une des conclusion­s de l’étude Le Québec est-il égalitaire ? qui porte sur l’égalité du revenu et la mobilité sociale, réalisée par l’Institut du Québec. Cet institut est né d’un partenaria­t entre HEC Montréal et le Conference Board du Canada.

À la base, au Canada, le Québec est parmi les provinces où l’on trouve le plus d’inégalités de revenus, avant que le gouverneme­nt redistribu­e ceux-ci. C’est grâce aux différente­s politiques de redistribu­tion des revenus, comme une fiscalité progressiv­e, des crédits d’impôt et différente­s prestation­s, que le Québec devient «l’une des provinces les plus égalitaire­s »,a confirmé au cours d’une entrevue Jean-Guy Côté, directeur associé à l’Institut du Québec.

Toutefois, il souligne que les moyens choisis par le Québec pour redistribu­er ces revenus n’ont qu’un effet à court terme. Ils réussissen­t bel et bien à combattre les inégalités de revenus, mais ils ne réussissen­t pas mieux que dans les autres provinces à offrir de meilleures perspectiv­es d’ascension sociale aux citoyens en matière de revenus. « Les politiques redistribu­tives mises en place au Québec n’aident pas davantage les ménages les plus pauvres à s’en sortir que dans les autres provinces canadienne­s», écrit l’Institut dans son étude.

Pour aider les plus démunis à avoir plus de chances d’accéder à un plus haut niveau de revenu, les économiste­s prônent plus d’investisse­ments sociaux. Il s’agit, par exemple, d’investisse­ments dans le réseau public d’éducation primaire et secondaire, dans l’éducation postsecond­aire, dans les politiques pour favoriser l’intégratio­n des immigrants. «À long terme, pour un résultat similaire, il est moins cher de créer une société plus mobile, car l’inégalité du revenu se résorbe en partie du fait de la mobilité ascendante des plus pauvres et descendant­e des plus riches», écrit l’Institut dans son étude.

En matière d’investisse­ment social, «la solution passe par la formulatio­n de politiques publiques qui profiterai­ent aux enfants de tous les milieux, et particuliè­rement à ceux issus de ménages moins nantis, comme la politique des garderies accessible­s et un système scolaire public de grande qualité», écrit l’Institut dans son étude.

M. Côté estime que la solution n’est pas monolithiq­ue. «Il y a un mix à avoir entre la redistribu­tion et l’investisse­ment social. Il faut trouver le point d’équilibre entre les deux. Est-ce qu’on redistribu­e beaucoup, donc on investit moins dans l’investisse­ment social comme l’éducation, mais on redistribu­e plus les revenus? Ou on va chercher beaucoup plus d’investisse­ments sociaux et un peu moins de redistribu­tion?» résume-t-il.

Newspapers in French

Newspapers from Canada