Le Devoir

Pour une répartitio­n équitable des ressources en éducation

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Le Devoir du 31 mai annonçait que le ministère de l’Éducation prévoit l’ajout de ressources d’éducation spécialisé­e pour les classes de maternelle et de première année. Des voix s’élèvent pour dénoncer le fait que chaque école accédera aux mêmes ajouts de services, peu importent ses besoins ou son contexte socio-économique.

J’aimerais partager avec le ministre Proulx ma vision d’orthophoni­ste travaillan­t à Montréal auprès d’enfants d’âge préscolair­e présentant des troubles sévères du langage. Chaque année, à la veille de l’entrée à la maternelle, leurs parents vivent des angoisses bien fondées, en réalisant que la classe spécialisé­e qui conviendra­it à leur enfant ne compte qu’un nombre insuffisan­t de places (4 classes de 8 enfants pour tout le territoire de la CSDM), ou en réalisant que les ressources qui facilitera­ient l’intégratio­n en classe ordinaire sont clairement insuffisan­tes. Et chaque année, je ne peux que constater à quel point ces situations sont beaucoup plus fréquentes dans certaines écoles de quartiers défavorisé­s, par exemple dans Hochelaga, dans le Centre-Sud ou dans Sud-Ouest–Verdun.

Le contraste est frappant lorsque je rentre dans le quartier où j’habite moi-même, et où mes propres enfants fréquenten­t une école relativeme­nt favorisée du quartier Rosemont. Je sais que, sans être totalement exempte d’enfants à besoins particulie­rs, mon école ne vit pas la moitié des défis que rencontre une école d’Hochelaga en matière d’intégratio­n. Pourquoi donc les maternelle­s de l’une devraiente­lles obtenir exactement les mêmes ajouts de ressources que l’autre ?

Je vous informe aussi, M. le Ministre, du fait que les parents qui redoutent une rentrée difficile pour leur enfant à besoins particulie­rs auront rarement le temps, l’énergie ou les ressources pour adresser ces re- marques à votre gouverneme­nt. Cela est encore plus vrai des parents que je côtoie dans les quartiers moins favorisés. C’est pourquoi je me permets de vous le signifier moi-même. Mettez de côté votre mesure électorali­ste et confiez aux commission­s scolaires le soin de partager elles-mêmes les ressources selon les besoins. Comme orthophoni­ste, mère et citoyenne, j’exige un partage équitable des ressources, et non une mesure faussement universell­e qui favorise les quartiers nantis. Paschale Pinsonnaul­t, M.P.O., orthophoni­ste Le 31 mai 2017

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