Le Canada refuse la main tendue de Couillard
Le document de Philippe Couillard n’était pas encore déposé à Québec que le « non » retentissant d’Ottawa et du Canada se faisait déjà entendre. Premier ministre du Canada, chef de l’opposition officielle, premiers ministres provinciaux et éditorialistes ont rejeté l’idée d’une discussion constitutionnelle.
« Vous connaissez mes opinions sur la Constitution. On n’ouvre pas la Constitution », s’est borné à dire Justin Trudeau. L’équipe du chef conservateur a fait savoir tôt le matin que « M. Scheer ne sent pas qu’il y a un appétit, autant au Québec que dans les autres provinces canadiennes, pour relancer le débat constitutionnel ». Le chef a répété de vive voix ces propos plus tard dans la journée, donnant ainsi l’impression qu’il avait attendu le dépôt du document de M. Couillard avant de se prononcer.
Du côté des provinces, toutes contactées par Le Devoir, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Seule la Saskatchewan de Brad Wall s’est montrée ouverte à discuter Constitution… mais pour remettre le Québec à sa place.
«Il y a certainement d’autres enjeux constitutionnels que nous aimerions aborder, indique la déclaration écrite de M. Wall. En tête de liste se trouve la péréquation, un système qui fait terriblement défaut, qui soutire chaque année plus de 500 millions de dollars à la Saskatchewan [… ] alors qu’il verse 11 milliards par année au Québec.» Le bureau de la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, s’est borné à déclarer : « Nous nous concentrons à améliorer notre relation avec le Québec au bénéfice des Ontariens, des Québécois et de tous les Canadiens.»
Dans son éditorial intitulé « Rouvrir la Constitution ? Non merci. », le Globe and Mail conclut « qu’il n’est pas besoin de négocier le “retour ” du Québec dans la Constitution puisqu’il n’en est pas “exclu” en ce moment ».
Des ministres québécois discrets
Tous les ministres québécois interrogés ont entonné en choeur que la priorité du gouvernement était l’économie. Certains ont été embêtés de dire ce qu’ils pensaient du fait que leur province n’a toujours pas signé la Constitution.
« On est en 2017. Moi, je suis rendue à autre chose », a lâché Diane Lebouthillier. « Je ne veux pas rentrer dans le débat personnel. On a vraiment des priorités d’équipe en ce moment », a pour sa part lancé Marie-Claude Bibeau. « Le fédéralisme, comme on le fait là, fonctionne très bien », a soutenu François-Philippe Champagne. « On a financé la Fête nationale pour la première fois de notre histoire la semaine passée, alors ce sont de bonnes nouvelles », a dit Mélanie Joly.
Étrangement, même si les conser vateurs ont la même position que les libéraux, les élus québécois s’en sont pris à Justin Trudeau. Alain Rayes a ainsi déploré « l’arrogance du premier ministre, qui n’a même pas pris le temps de lire le document ».
Seuls le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont accueilli favorablement la proposition de M. Couillard. Thomas Mulcair reproche sa fermeture à M. Trudeau, mais il ne s’en étonne pas. «C’est du grand Trudeau en ce qui concerne le Québec, n’estce pas ? C’est ce que son père faisait, c’est ce que lui fait. Il essaye toujours de faire de la politique sur le dos du Québec. »