Le Devoir

Nos bâtisseuse­s en mémoire

Les religieuse­s qui ont façonné la métropole sont à l’honneur à la Maison Saint-Gabriel

- ANNABELLE CAILLOU

De Marguerite Bourgeoys à Jeanne Mance, sans oublier Marguerite d’Youville, les femmes des communauté­s religieuse­s ont joué un rôle important dans la fondation de Montréal. À l’occasion du 375e anniversai­re de la ville, la Maison Saint-Gabriel fait un saut dans le temps pour rappeler leurs contributi­ons et présenter l’étendue de l’héritage qu’elles ont laissé derrière elles.

Jusqu’au 22 décembre, la Maison Saint-Gabriel propose à ses visiteurs d’ici et d’ailleurs de replonger dans l’histoire des communauté­s religieuse­s féminines des derniers siècles, en découvrant l’exposition 375 ans au coeur de l’action !.

OEuvres d’art, coiffes, uniformes d’école, l’exposition rassemble des objets variés de l’époque ainsi que de nombreux documents d’archives pour permettre de mieux comprendre leur quotidien.

« Il faut expliquer leur histoire. Si on ne le fait pas, nous, qui va le faire?» s’interroge la directrice générale du musée et site historique, Madeleine Juneau, pour qui les célébratio­ns ne pouvaient se passer d’un retour sur l’existence de ces pionnières.

Désormais moins présents dans le quotidien des Montréalai­s, ces groupes de religieuse­s ont tendance à être mis de côté lorsqu’on évoque l’histoire de la métropole, croit Mme Juneau. «Les jeunes

ne savent même plus ce qu’est une soeur, certains n’en ont jamais vu», constate-t-elle avec une petite pointe d’étonnement dans la voix.

Dans la communauté

«Ce n’est pas juste une question de religion, pourtant», explique-t-elle en rappelant que ces femmes ont réussi à faire leur place dans plusieurs domaines autrefois réservés aux hommes. Elles ont en effet été infirmière­s, enseignant­es, missionnai­res, architecte­s, musicienne­s, ou encore même scientifiq­ues. «On l’oublie, mais elles ont fondé les premiers hôpitaux, les premières écoles. Notre système social ne serait pas aujourd’hui ce qu’il est sans elles », insiste Mme Juneau.

Et cet héritage va encore plus loin, d’après elle. Les religieuse­s ont laissé leur empreinte partout dans la ville, notamment à travers son architectu­re. La directrice du musée rappelle que l’école Vincent-d’Indy a été fondée par une soeur de la congrégati­on des Soeurs des SaintsNoms-de-Jésus-et-de-Marie. Le collège Dawson était quant à lui la maison mère de la congrégati­on de Notre-Dame de Montréal. Sans oublier l’Accueil Bonneau, créé en 1877 grâce à la contributi­on des Soeurs grises, dont sainte Marguerite d’Youville. «Le refuge est encore là après tout ce temps, et il aide de nombreuses personnes, ce n’est pas rien », ajoute-t-elle.

Une visionnair­e

C’est toutefois le parcours de Marguerite Bourgeoys qui l’a le plus marquée. « Elle avait un grand projet, défendre l’école gratuite pour les filles, et elle l’a mené jusqu’au bout, explique Mme Juneau. C’était une visionnair­e, une femme inspirante. »

Une opinion que partage entièremen­t l’ancienne politicien­ne québécoise Louise Beaudoin, qui est aussi la présidente d’honneur de l’exposition. Elle rappelle que la mission de Marguerite Bourgeoys était considérée comme une idée moderne au XVIIe siècle. «L’éducation des filles n’était pas une priorité en France, mais elle s’est battue ici pour enseigner aux petites filles, aux autochtone­s et aux Amérindien­nes aussi. Ça s’inscrivait dans ce qu’on appellerai­t aujourd’hui l’intercultu­ralisme. »

Cette historienn­e de formation se réjouit de voir toute une exposition dédiée aux contributi­ons des communauté­s religieuse­s féminines. À ses yeux, il était primordial que des activités historique­s puissent aussi souligner les célébratio­ns du 375e de Montréal. Comprendre le passé de la métropole avant de penser aux grandes orientatio­ns qu’elle devrait prendre était nécessaire d’après elle. « C’est un devoir de mémoire. Il fallait prendre cette pause dans le présent pour repenser à notre histoire et à notre réalité», soutient-elle. Le Devoir

375 ANS AU COEUR DE L’ACTION !

À la Maison Saint-Gabriel Jusqu’au 22 décembre, du mardi au dimanche, de 13 h à 17 h.

UN VILLAGE EN ÉTÉ

Le village au Pied-du-Courant, parc éphémère où l’on danse, joue et crée des liens avec la communauté (tout ça les pieds dans le sable), a ouvert ses portes pour la saison. Pour ce week-end : programmat­ion disco-funk vendredi, samedi, journée bouffe et artistes locaux, et dimanche cinéma, avec la projection du film Le monde

du silence, de Louis Malle.

Le village au Pied-du-Courant, aux abords du fleuve, au pied du pont Jacques-Cartier, ouvert tout l’été jusqu’au 16 septembre, vendredi de 17 hà0h, samedi de15hà0h, dimanche de17hà23h, entrée gratuite, programmat­ion et informatio­n à aupiedduco­urant.ca.

GROSSE PRISE!

Ce week-end, on sort canne et mouches : la Fête de la pêche a lieu pour la 18e fois. Pendant trois jours, tous ont le droit de pêcher sans permis, partout au Québec. Une foule d’activités est proposée, dont plusieurs pour les enfants, par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, en bordure de nombreux lacs et rivières de la province. L’occasion idéale pour les débutants de se lancer! Fête de la pêche, de vendredi à dimanche, partout au Québec, programmat­ion et informatio­ns à fetedelape­che.gouv.qc.ca.

ARTS DES PREMIÈRES NATIONS

Scène contempora­ine autochtone (SCA) revient pour une seconde année. Cette fois, c’est dans le cadre des festivités officielle­s du 375e que les créateurs d’origine autochtone des arts vivants monteront sur scène. Le thème de la réconcilia­tion se déclinera en quatre spectacles de performanc­es et danse. Une journée de discussion aura aussi lieu le 9 juin, en clôture du festival. Scène contempora­ine autochtone, jusqu’au 9 juin, différents lieux, programmat­ion et billets à onishka.org

CHANSONS D’AILLEURS

« On l’oublie, mais [les religieuse­s] ont fondé les premiers hôpitaux, les premières écoles. Notre système social ne serait pas aujourd’hui ce qu’il est sans elles. Madeleine Juneau, directrice générale de la Maison Saint-Gabriel

Le choeur Baobab, ensemble voué à la découverte de chants du monde, se produit sur la scène du théâtre La Tulipe, avec une nouvelle mouture d’harmonies traditionn­elles en anglais, en arabe, en hongrois, en zoulou et bien d’autres. Les voix du choeur seront accompagné­es du balafonist­e Adama Daou. Choeur Baobab en spectacle, vendredi, 19 h 30, au Cabaret La Tulipe, billets à 29,25$, choeurbaob­ab.com

EN LEUR HONNEUR

Les combattant­s du feu sont à l’honneur cette fin de semaine à Laval. Faites connaissan­ce avec les pompiers, leur quotidien et la sécurité incendie. Des prestation­s musicales, des jeux pour les touts petits, des dégustatio­ns de recette (gracieuset­é des nouvelles recrues!) et défilés de camions sont au menu. La grande fête des pompiers, de vendredi à dimanche, au Centropoli­s de Laval, gratuit, programmat­ion au laval.ca

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PHOTOS PEDRO RUIZ LE DEVOIR Au fil de l’histoire, les communauté­s de religieuse­s ont laissé leur empreinte indélébile sur la ville, notamment en art et en architectu­re.
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Louise Beaudoin, présidente d’honneur de l’exposition, et Madeleine Juneau, directrice générale du musée, sont toutes deux fascinées par la vision d’éducation de Marguerite Bourgeoys.

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