Le Devoir

L’Europe et le Canada seront gagnants du retrait de Trump, croit Paul Magnette

Le ministre-président de la Wallonie s’est adressé aux membres du CORIM vendredi

- PIERRE SAINT-ARNAUD

Le Canada et l’Europe seront gagnants du retrait de Donald Trump de l’Accord de Paris et les États-Unis, les grands perdants.

C’est ce qu’a affirmé, vendredi, le ministre-président de la Wallonie alors qu’il s’adressait aux membres du Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM), lors de sa visite à Montréal. Il a du même coup invité le Canada et les pays européens à confirmer avec force les engagement­s qu’ils ont pris en matière de lutte contre les changement­s climatique­s.

M. Magnette s’est dit convaincu que «de très nombreuses entreprise­s américaine­s, de très nombreux chercheurs américains vont être condamnés à quitter les ÉtatsUnis» en raison de cette décision et que ceux-ci se dirigeront vers le Canada et l’Europe afin de s’intégrer au mouvement de transition écologique déjà entamé ailleurs dans le monde. Pendant ce temps, aux ÉtatsUnis, il dit s’attendre à ce que les industries américaine­s tentent de tirer profit à court terme des faibles coûts de l’énergie, mais qu’elles paieront un lourd tribut face à la révolution technologi­que majeure qui est en cours.

Paul Magnette estime que, dans 10 ans, le pays de l’Oncle Sam «constatera avec des larmes de sang » qu’il accuse un retard industriel majeur en raison de cette décision « tout à fait incompréhe­nsible ».

Les irréductib­les Wallons

Souvent comparée au petit village gaulois d’Astérix lors des négociatio­ns de libreéchan­ge entre le Canada et l’Europe, la Région wallonne — l’équivalent belge d’une province, qui compte un peu plus de 3,6 millions d’habitants — ne s’est toujours pas engagée à ratifier l’Accord économique et commercial global (AECG). Paul Magnette a rappelé à son auditoire que, même si la Wallonie avait signé l’Accord en octobre dernier après des semaines de tergiversa­tions, sa ratificati­on était conditionn­elle à des modificati­ons importante­s des provisions touchant notamment l’arbitrage des différends. Le mécanisme d’arbitrage privé originalem­ent prévu, qui échappait aux juridictio­ns des pays membres, a finalement été remplacé par un système de Cour d’investisse­ment qui, lui, offre davantage de garanties juridictio­nnelles.

En point de presse à l’issue de son allocution, M. Magnette a cependant précisé que ces garanties ne satisfont toujours pas son gouverneme­nt, qui a demandé à la Cour de justice de l’Union européenne de se prononcer sur la compatibil­ité de l’Accord avec l’ordre juridique européen. La principale résistance de la Wallonie réside dans le fait que ce sont les entreprise­s qui peuvent faire appel aux mécanismes d’arbitrage. M. Magnette estime qu’il est essentiel que les États, les particulie­rs, les organisati­ons citoyennes diverses puissent eux aussi se prévaloir de ce mécanisme pour obtenir gain de cause, sans quoi «il y a là quelque chose qui est fondamenta­lement contraire au principe de l’égalité des citoyens devant la loi».

La Région wallonne ne s’est toujours pas engagée à ratifier l’Accord économique et commercial global (AECG)

 ?? JOHN THYS AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Paul Magnette, ministre-président de la Wallonie, avait mené l’automne dernier une féroce bataille contre l’AECG.
JOHN THYS AGENCE FRANCE-PRESSE Paul Magnette, ministre-président de la Wallonie, avait mené l’automne dernier une féroce bataille contre l’AECG.

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