Une appli pour recycler vos vieux objets
Voici arrivé le temps du grand ménage et des déménagements, le temps où l’on souhaite vraiment se débarrasser du vieux divan, du frigo qui ne fonctionne plus et de tous ces pots de peinture presque vides. Et si on n’avait qu’à prendre tout ça en photo pour que quelqu’un passe tout prendre? C’est ce que propose Grabville.io, et voici comment ça fonctionne.
Grabville est une petite start-up aux grandes ambitions. Cette application mobile connecte les administrations municipales, les citoyens, les entreprises et les organismes afin de développer un réseau d’économie circulaire où l’on peut vendre, acheter, donner ou se débarrasser de n’importe quels objets — un divan, une machine à coudre — ou matériaux encombrants ou dangereux — un réservoir de mazout, des armoires de cuisine ou de la peinture — de manière responsable et profitable à tous.
Entrepreneur en nouvelles technologies depuis une dizaine d’années et issu du milieu de la publicité, Frédéric Proulx est diplômé de l’École d’entrepreneurship de Beauce. C’est en rénovant sa maison qu’a germé l’idée de Grabville. «C’est très difficile de trier et de se débarrasser d’items encombrants, de déchets et de matériaux. Souvent, tout ça s’en va
pêle-mêle au site d’enfouissement sans possibilité d’en récupérer au moins quelques composantes », explique le président et fondateur de Grabville. En fait, entreprendre des rénovations signifie payer pour démolir, encore payer pour tout mettre dans un conteneur sans savoir
où tout ça aboutira. «Ce que j’aurais aimé, c’est de pouvoir trier d’avance ce dont j’allais me défaire pour que quelqu’un puisse venir le chercher. » Grabville, c’est ça! Un seul clic suffit
Grabville c’est un réseau d’économie circulaire qui comporte deux volets. Tout d’abord, le réseau offre un service de cueillette simple et efficace. «Avec un téléphone, on prend une photo de ce dont on veut se débarrasser, on la dépose sur la page Facebook de Grabville qui vous retourne la meilleure soumission pour le
faire », explique Frédéric Proulx. Ce que le président de Grabville appelle la meilleure soumission provient en fait de tous les collecteurs répartis sur le territoire québécois qui apparaissent sur une base de données bâtie à partir de l’ensemble des recycleurs, transporteurs, acheteurs et autres organismes intéressés. Dès qu’un objet est déposé sur le site, ces collecteurs reçoivent une alerte et soumissionnent directement auprès de Grabville. Les informations de base et les coordonnées de paiement de ces organismes sont colligées et les transactions sont protégées par Grabville jusqu’à ce que toute l’opération soit réalisée. Le consommateur paiera alors par PayPal ou Stripe.
La collaboration des villes
Dans un deuxième temps, Grabville offre des solutions clé en main aux municipalités. En effet, depuis septembre dernier, l’organisme est présent sur le territoire de la Ville
de La Prairie, une administration municipale chouchoute puisque c’est ici que tout a commencé sous la forme de projet-pilote. Depuis, SaintConstant
a aussi signé une entente avec Grabville.
Les avantages d’une telle association sont grands pour les villes participantes. Même si
ces projets-pilotes n’en sont qu’à leurs balbutiements, ils génèrent déjà un certain en-
«Notre vision est d’agir ensemble pour réduire notre empreinte environnementale»
gouement. Frédéric Proulx affirme que les villes profitent de la plateforme Grabville, notamment puisque «nous leur retournons 15% de tous nos revenus».
«Notre vision est d’agir ensemble pour réduire notre empreinte environnementale. Cette solution novatrice va exactement dans ce sens en favorisant non seulement le recyclage des vieux objets, mais surtout en permettant de les réutiliser, ou même de les revaloriser, raconte Donat Serres, le maire de La Prairie. De plus, le maire souligne que cette plateforme de collecte intelligente s’inscrit bien dans la nouvelle politique de développement durable de sa ville et dans la volonté de son administration d’offrir aux citoyens des services répondant à leurs besoins. «Nous sommes fiers d’être la première GRABville! En moins de huit mois d’utilisation par les Laprairiens, c’est près de 20 tonnes de déchets qui ont été détournées des sites d’enfouissement », a-t-il déclaré.
Anne-Louise Milot est directrice des communications à la Ville de La Prairie, et c’est elle qui a géré le projet d’association avec Grabville. «La première opération terrain a eu lieu pendant la fin de semaine de la fête du Travail, où a lieu notre grand week-end débarras. Les citoyens avaient été informés de la présence et du rôle de Grabville sur le territoire », explique-t-elle. Pendant ce seul mois de septembre, 11 transactions ont été conclues pour 5000 kilos d’objets ramassés. En trois mois, 2200 foyers ont été connectés, soit près du quart de la population de la Ville.
«En interagissant avec une municipalité, on peut par exemple décider d’un moment de collecte spéciale: la Ville informe alors les citoyens, et Grabville met en place la logistique pour un ramassage efficace que ce soit de bois ou de peinture », explique Frédéric Proulx.
En route vers la ville intelligente
Le projet-pilote de la Ville de La Prairie a vu le jour grâce à InnoCité MTL, un programme d’accélérateur d’entreprises qui s’adresse principalement aux start-ups. Après avoir été sélectionnée, Grabville a profité d’un programme d’accélération de 12 semaines centré sur la mise en marché.
Frédéric Proulx voit grand et souhaiterait qu’une grande ville comme Montréal s’associe à son projet. Petit à petit, peut-être que son rêve se réalisera puisqu’il est actuellement en pourparlers avec trois arrondissements. Il le répète : «Chaque maison est une petite entreprise génératrice de déchets qui représente 2000$ enfouis chaque année.» On comprend que l’avenir est rayonnant pour une entreprise comme Grabville.