Le Devoir

Couillard jette les bases de sa campagne 2018

Le Parti libéral a tenu un Conseil général à saveur préélector­ale, ce week-end

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Trois-Rivières

Il devait officielle­ment servir à faire le point sur le militantis­me et l’implicatio­n citoyenne, mais le Conseil général spécial du Parti libéral du Québec (PLQ) aura plutôt permis cette fin de semaine de mettre la table pour la prochaine campagne électorale.

Plus de congés payés, plus de femmes parmi les candidats, une façon plus simple de s’impliquer au parti et ce rappel qu’«être Québécois, c’est notre façon d’être Canadiens » : à 16 mois des élections, le PLQ a dévoilé les grandes lignes du message qu’il devrait mettre de l’avant en 2018. Seuls les chiffres de son effectif, en chute libre, sont venus assombrir la journée. Résumé en cinq points.

Un recrutemen­t difficile. L’effectif du PLQ est en baisse depuis «plusieurs mois» ; assez pour que son président, Gilbert Grimard, ait fait état de «chiffres très préoccupan­ts». « Il y a une baisse, mais on est en recrutemen­t actuelleme­nt»,a confirmé le premier ministre, Philippe Couillard. Cette diminution de l’effectif a commencé «il y a plusieurs mois», a-t-il ajouté. Selon la rumeur, le PLQ compte désormais 30 000 membres. Au micro, devant les militants, le whip Stéphane Billette a parlé d’une perte de 40 000 membres en 10 ans. Un rapport du président sortant de la Commission politique nationale du PLQ, Jérôme Turcotte, faisait état de 37 000 membres au 31 décembre 2015. Tout porte donc à croire que ce nombre a diminué. En comparaiso­n, le Parti québécois (PQ) avance avoir 90 000 membres. Québec solidaire (QS) dit en compter environ 10 000, mais prétend que ce chiffre a bondi à 14 000 depuis l’entrée en scène de Gabriel Nadeau-Dubois. La Coalition avenir Québec (CAQ) recensait 11 500 membres en janvier.

Plus de vacances? Le premier ministre est revenu à la charge avec sa propositio­n d’augmenter le nombre de congés payés pour les travailleu­rs québécois. Dans son allocution de clôture, il a révélé avoir rencontré les «associatio­ns patronales», qui se sont engagées à «travailler» à l’atteinte de cet objectif. « [Au départ], évidemment, elles ne sautaient pas de joie, je ne vous conterai pas d’histoires », a-t-il commencé. «Par contre, quand je leur ai expliqué: vous avez avantage à avoir des employés plus productifs, vous avez avantage à offrir ça pour retenir vos employés également, avec une pénurie de main-d’oeuvre qu’on connaît dans toutes les régions, ils ont dit: c’est vrai.» Philippe Couillard avait déjà évoqué la possibilit­é d’augmenter le nombre de congés payés dont bénéficien­t les Québécois la semaine dernière. La Loi québécoise sur les normes du travail prévoit actuelleme­nt une semaine de vacances pour un employé qui compte une année de service chez un employeur. Ce nombre passe à trois après cinq ans.

Plus de femmes ? Le chef du PLQ s’est aussi engagé samedi à faire avancer son parti, « le plus possible, dans la zone de parité» en présentant davantage de candidatur­es féminines aux élections de 2018. Il a demandé aux militants de s’engager avec lui à faire en sorte qu’au moins 40% des candidats aux prochaines élections soient des femmes. Pas question, cependant, de désigner des candidates. « Déjà, je pense qu’on a de l’ambition en voulant augmenter, améliorer nos résultats », a-t-il affirmé. «On ne va pas demander à des députés de partir parce qu’ils sont des hommes. Il ne faut quand même pas exagérer non plus.» Au scrutin de 2014, 35 femmes se sont présentées sous la bannière du PLQ, ce qui équivaut à un ratio de 28%. QS est le seul parti à présenter un nombre équivalent de candidatur­es masculines et féminines aux élections. Toujours en 2014, le PQ a présenté 37% de candidatur­es féminines, tandis que la CAQ en a présenté 22 %.

Des «sympathisa­nts». Le Conseil général spécial aura permis au PLQ de paver la voie à la création d’une nouvelle catégorie de membres: les « sympathisa­nts ». Ce nouveau statut serait en somme moins contraigna­nt que celui de membre: les sympathisa­nts en profiterai­ent gratuiteme­nt, pendant un an. Ils auraient « accès aux communicat­ions du PLQ, comme les membres du parti», et pourraient participer aux événements militants, «sans toutefois jouir des droits réservés aux délégués».

Un ministre en exil. Deux jours après le dévoilemen­t de la Politique d’affirmatio­n du Québec du PLQ, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a dit estimer que les Québécois «sont en exil» au sein du Canada, parce qu’ils ne font «pas partie» de la Constituti­on. « Sur le plan constituti­onnel et sur le plan du sentiment d’appartenan­ce des citoyens, et particuliè­rement des citoyens francophon­es et québécois au Canada, bien sûr qu’on se sent exilés à l’intérieur du Canada, parce qu’on n’en fait pas partie [de la Constituti­on] », a-t-il lancé. Il reprenait le mot « exil » mis de l’avant par le politologu­e Guy Laforest, lui-même cité dans le document présenté jeudi par les libéraux. «Il y a un impair historique», a fait valoir le ministre Barrette, en qualifiant de malheureus­e la réaction du premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a fermé la porte à des discussion­s constituti­onnelles avant même d’avoir pris connaissan­ce du projet du gouverneme­nt Couillard. «Ça me fait me poser la question: est-ce que, pour le premier ministre du Canada, la Constituti­on elle-même a une importance?» a-t-il demandé. «Est-ce que le Québec est simplement une influence au Canada? Ou est-ce que le Québec est un des piliers incontourn­ables du Canada?»

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