Des réformes en danger devant un Congrès divisé
Si Donald Trump a de son propre chef retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, le président doit maintenant affronter un Congrès divisé sur ses réformes de la santé, de l’impôt, du budget et secoué par la tentaculaire affaire russe.
Les parlementaires retournent lundi sur la colline du Capitole à Washington, où le novice en politique Donald Trump fait l’expérience depuis quatre mois du contrôle limité qu’il exerce sur son propre camp républicain, pourtant majoritaire dans les deux chambres du Congrès.
L’homme d’affaires, qui avait promis de «curer le marigot» de Washington, n’a pour l’instant pas réussi à imposer une seule réforme législative d’importance. Les décrets qu’il a pris — comme ceux en matière d’immigration, retoqués par la justice — ou la sortie de l’accord de Paris sont de la prérogative du pouvoir exécutif.
M. Trump n’a que sept semaines entre la reprise de la session parlementaire lundi et les vacances d’été fin juillet pour faire passer ses projets de réformes emblématiques: l’abrogation et le remplacement de la loi Obamacare par une nouvelle législation pour le système de santé, une baisse des impôts et un budget d’austérité.
Un projet de loi pour remplacer Obamacare avait été adopté de justesse le 4 mai par la Chambre des représentants et le Sénat travaille sur sa propre version. Avant qu’un texte commun ne soit éventuellement examiné, voté et promulgué.
D’autres réformes à faire adopter
Une première version avait été abandonnée en mars faute de soutien parmi les élus républicains, infligeant un revers majeur à M. Trump. Et le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a reconnu qu’il serait difficile de faire passer un second texte au Sénat, où son camp dispose de 52 sièges contre 48 aux démocrates.
Le président a exhorté sur Twitter les « sénateurs républicains, tous des gens bien, à, espérons-le, se rassembler et voter une nouvelle loi de SANTÉ ».
Mais si cette réforme était adoptée, le nombre de personnes sans couverture maladie aux États-Unis atteindrait 51 millions en 2026, contre 28 millions si la loi de Barack Obama était maintenue, avait prévenu fin mai le Bureau du budget du Congrès (CBO). De quoi ulcérer un peu plus les démocrates et faire douter davantage des républicains attachés à Obamacare.
Pour autant, le numéro deux républicain au Sénat, John Cornyn, a prévenu que le texte sur «Trumpcare» serait prêt «d’ici à la fin juillet, au plus tard».
Quant à sa réforme de l’impôt, très favorable aux entreprises, le milliardaire a assuré qu’elle « avançait […] très bien au Congrès». Ce qui a fait s’étrangler la chef de la minorité démocrate à la Chambre, Nancy Pelosi, affirmant que le texte de loi «n’existait pas» encore.
Le président n’a pas non plus réussi à imposer le financement du mur à la frontière du Mexique, sa promesse de campagne la plus emblématique.
Il devra aussi faire voter par un Congrès divisé son projet de loi de finances pour l’exercice budgétaire 2018 (débutant le 1er octobre 2017) qui promet une cure d’austérité. Même si ce projet de budget de 4100 milliards de dollars a peu de chances d’être adopté en l’état, il provoque un choc en raison de coupes claires pour l’aide sociale et la diplomatie, au profit de la Défense.
Enfin, M. Trump devrait proposer lundi une privatisation partielle du contrôle aérien, dans le cadre d’une volonté de rénovation pour 1000 milliards de dollars des infrastructures des transports aux États-Unis.
L’affaire russe
Mais c’est l’affaire russe qui accapare le Tout-Washington.
L’ancien directeur du FBI James Comey, limogé avec fracas le 9 mai par M. Trump, témoignera le 8 juin au Sénat sur les ingérences de Moscou dans la présidentielle de 2016. Le président a nié toute intervention et pression contre le FBI, ainsi que toute collusion avec la Russie.
Son homologue russe, Vladimir Poutine, a aussi rejeté ces accusations, ce qui a poussé dimanche l’ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, Susan Rice, à le traiter de « menteur ». «Le gouvernement russe, aux plus hauts niveaux, est derrière ces tentatives sans précédent de se mêler de notre présidentielle», a-t-elle lancé sur ABC. L’ambassadrice américaine à l’ONU,
«la communauté internationale était préoccupée par l’ingérence de la Russie dans toutes les élections ».
M. Poutine a assuré dimanche qu’il connaissait à peine l’ancien conseiller de son homologue américain Donald Trump, Michael Flynn, au coeur de l’affaire de la collusion supposée.
«Vous et moi, vous et moi personnellement, nous avons une relation plus étroite que celle que j’ai avec M. Flynn »,
a-t-il déclaré à la présentatrice de NBC Megyn Kelly qui l’a interviewé en fin de semaine dernière et dont l’entretien complet a été diffusé dimanche soir aux États-Unis.
Le président russe était interrogé sur ses liens avec l’éphémère conseiller à la sécurité nationale de la MaisonBlanche Michael Flynn qui avait dû démissionner mi-février après trois semaines de mandat, accusé d’avoir menti sur ses relations avec des responsables russes.
Lors d’un dîner de gala à Moscou en décembre 2015 pour la chaîne de télévision Russia Today (RT), M. Flynn, un proche de M. Trump, avait prononcé un discours et était assis juste à côté de M. Poutine.
Le gouvernement russe, aux plus hauts niveaux, est derrière ces tentatives sans précédent de se présidentielle» mêler de notre Susan Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale