Le Devoir

L’assaut sur Raqqa a commencé

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Ankara — La bataille pour la reprise de Raqqa, bastion du groupe État islamique (EI) en Syrie, a commencé après que les États-Unis en ont informé la Turquie, a annoncé dimanche le premier ministre turc, Binali Yildirim.

L’annonce de M. Yildirim contredit les déclaratio­ns des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par les ÉtatsUnis, qui a affirmé samedi que l’assaut serait lancé «quelques jours» plus tard.

« L’opération de Raqqa, prévue longtemps à l’avance, a commencé tard le 2 juin. Les États-Unis ont donné [à la Turquie] les informatio­ns nécessaire­s sur cette question avant l’opération », a précisé M. Yildirim aux médias locaux, dont l’agence pro-gouverneme­ntale Anadolu.

Par ailleurs, l’armée syrienne a repris dimanche au groupe EI une localité stratégiqu­e de l’est de la province d’Alep, selon une source militaire. La prise de Maskana, située sur la rive ouest du lac Assad, s’inscrit dans le cadre de la vaste opération militaire lancée par le régime à la mijanvier, avec le soutien des Russes, pour vaincre le groupe EI dans la province d’Alep.

Maskana est située à 15km de la frontière administra­tive avec la province de Raqqa

Le président Recep Tayyip Erdogan avait averti les ÉtatsUnis que la Turquie ne prendrait pas part à une opération pour reprendre Raqqa, «capitale » autoprocla­mée du groupe EI en Syrie, aux côtés des milices kurdes.

Or Washington soutient les milices kurdes des YPG (Unités de protection du peuple kurde) qui sont la principale composante des FDS.

La Turquie considère les YPG comme l’extension en Syrie du Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK), organisati­on séparatist­e qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984, et qui est classée «terroriste » par la Turquie et ses

alliés occidentau­x.

Le président Recep Tayyip Erdogan avait averti les États-Unis que la Turquie ne prendrait pas part à une opération pour reprendre Raqqa

Livraison d’armes

Les États-Unis ont commencé à livrer des armes aux YPG, mais cette décision a provoqué la colère d’Ankara. Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a appelé mercredi Washington à «revenir sur cette erreur», estimant que la livraison d’armes aux YPG était « extrêmemen­t dangereuse».

La Turquie redoute la création d’une zone contrôlée par les Kurdes dans le nord de la Syrie, à la frontière turque.

Ankara a d’ailleurs lancé une offensive terrestre dans le nord de la Syrie en août dirigée à la fois contre le groupe EI et les milices kurdes.

Lors d’une rencontre avec des journalist­es samedi soir, le premier ministre turc a laissé entendre que la Turquie n’hésiterait pas à s’engager plus avant, sans donner plus de détails.

«Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, nous n’hésiterons pas à prendre les mesures nécessaire­s pour la sécurité de notre pays et de notre peuple », a-t-il dit, cité par l’agence Anadolu.

«Nous l’avons fait par le passé et, si cela est nécessaire, nous le referons», a-t-il ajouté.

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