Le Devoir

La trêve pour sauver des civils tourne court

- CECIL MORELLA à Marawi

Une tentative pour secourir jusqu’à 2000 civils piégés par les combats entre forces gouverneme­ntales et islamistes dans le sud des Philippine­s a tourné court dimanche avec l’échec d’une trêve qui devait permettre leur évacuation, selon les autorités et des témoins.

Depuis que des islamistes ont hissé le 23 mai les drapeaux noirs du groupe État islamique (EI) à Marawi, cette ville à majorité musulmane s’est presque entièremen­t vidée de ses 200 000 habitants. Les forces gouverneme­ntales y mènent des frappes aériennes tandis que de violents combats de rue les opposent aux djihadiste­s.

Mais des centaines de personnes restent prises au piège dans le centre-ville. Les autorités avaient annoncé qu’un bref cessez-le-feu avait été négocié par l’entremise d’intermédia­ires et accepté par les djihadiste­s pour permettre l’évacuation de ces civils.

Cependant, d’après Zia Alonto Adiong, porteparol­e du comité de crise provincial, le gouverneme­nt a omis d’obtenir l’accord de sa propre armée à cette trêve.

L’armée a uniquement permis aux sauveteurs de se rendre aux abords des quartiers tenus par les islamistes, si bien que seuls 170 civils ont pu être mis en lieu sûr, selon les militaires.

Des dizaines de personnes avaient réussi à s’enfuir samedi, dont l’un des hommes politiques les plus respectés de Marawi, qui avait caché chez lui 71 chrétiens. Norodin Alonto Lucman, ancien vice-gouverneur d’une région autonome musulmane qui englobe Marawi, a conduit 144 personnes à travers les rues jonchées de cadavres en décomposit­ion, réussissan­t à les mettre à l’abri.

Parmi elles, 14 ont dû être hospitalis­ées, «pour la plupart des enfants souffrant de diarrhée et de malnutriti­on», a ajouté le délégué de la Croix-Rouge.

Depuis le début des combats, 120 djihadiste­s, dont 8 combattant­s étrangers, 38 soldats et policiers et 20 civils ont été tués, selon un bilan revu à la baisse par les autorités.

Nombre des islamistes derrière ces violences appartienn­ent au groupe Maute, ainsi qu’à Abou Sayyaf, groupe spécialisé dans les enlèvement­s crapuleux. Les deux groupes ont prêté allégeance au groupe EI.

Newspapers in French

Newspapers from Canada