Les Britanniques relèvent la tête, ignorant la terreur
La police britannique a révélé lundi l’identité de deux des trois auteurs de l’attentat de Londres, Khuram Shazad Butt, un Britannique né au Pakistan connu des services de police, et Rachid Redouane, qui se présentait comme un binational marocain et libyen.
Le commandant de l’unité antiterroriste Mark Rowley a déclaré que Khuram Shazad Butt, 27 ans, et Rachid Redouane, 30 ans, avaient participé avec un troisième complice encore en cours d’identification à l’attaque, qui a fait sept morts et une cinquantaine de blessés.
Khuram Butt était connu des services de police et de renseignement, qui n’avaient toutefois pas d’éléments laissant penser qu’il préparait un attentat. Rachid Redouane, quant à lui, n’était pas connu de ces services. Tous deux sont originaires de Barking, dans l’est de Londres, selon le communiqué.
Samedi soir, les trois assaillants ont percuté des piétons à bord d’une camionnette Renault blanche en fonçant dans la foule sur le London Bridge, avant d’abandonner leur véhicule et d’attaquer les passants à l’aide de couteaux dans le quartier voisin de Borough Market.
L’attentat a été revendiqué par le groupe armé État islamique (EI). Parmi les sept morts figurent plusieurs étrangers, dont un Français et une Canadienne, et 36 blessés étaient toujours hospitalisés lundi soir, dont 18 dans un état critique.
Personnes relâchées
Lundi soir, les dix personnes encore détenues dans le cadre de l’enquête ont été relâchées.
Ces quatre hommes et ces six femmes avaient été arrêtés dimanche à Barking, d’où étaient originaires Khuram Shazad Butt et Rachid Redouane. Deux autres personnes avaient déjà été libérées sans encourir de poursuites.
Dans cette localité multiethnique, les habitants tentaient de comprendre comment des terroristes pouvaient se trouver parmi leurs voisins.
« Ça fait très peur », a témoigné à l’AFP Sonam Chamdal, 21 ans, qu’effraient par ailleurs les opérations de police effectuées « bien près de chez [elle]».
Cette ville, «tranquille et calme», disent des habitants interrogés, compte une forte communauté pakistanaise.
Mark Rowley a rappelé que 500 enquêtes antiterroristes concernant 3000 personnes restaient «actives» au Royaume-Uni et que cinq attentats avaient été déjoués depuis l’attaque perpétrée à Westminster le 22 mars, qui avait fait cinq morts. Un autre attentat, dans lequel 22 personnes avaient péri, avait visé Manchester le 22 mai.
Hommages
En hommage aux victimes, des centaines de personnes se sont réunies lundi en fin de journée pour observer une minute de silence — il en sera fait de même mardi à 11h (10 h GMT) dans l’ensemble du Royaume-Uni — pendant une veillée dans les jardins de Potter Field, à proximité immédiate de l’hôtel de ville de Londres.
À Londres et sur les réseaux sociaux, les Britanniques relèvent la tête et multiplient les mots-clics pour se moquer du terrorisme ou de la presse étrangère lorsqu’elle affirme que leur pays a du mal à se remettre de ces attaques à répétition.
Avec #IslamicStateClaims, les internautes portent les accusations les plus triviales à l’encontre du groupe EI, qui revendique systématiquement tous les attentats. Un usager leur reproche ainsi d’avoir réduit la taille des boîtes de chocolats Quality Street, tandis qu’un autre assure qu’il est responsable de la déprogrammation par la BBC de la célèbre émission de cuisine Bake Off.
En visite à Londres, le chef de la diplomatie française, JeanYves Le Drian, a précisé lundi soir qu’un deuxième Français était porté «disparu». Il a notamment rencontré les familles des victimes, des blessés et devait s’entretenir avec son homologue, Boris Johnson.
Au total, huit Français ont été blessés, dont quatre grièvement. Deux Allemands, deux Australiens, un couple de Néo-Zélandais, un Bulgare et un Grec sont également sur la liste des blessés.