Le Devoir

Québec dévoile son plan cannabis

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

Québec met en branle des moyens pour consulter la population sur l’encadremen­t de la légalisati­on du cannabis.

La consultati­on se fera cet été, d’abord avec des experts, puis auprès des groupes organisés et des gens ordinaires. Au bout de ce processus, à l’automne, le gouverneme­nt provincial déposera un projet de loi-cadre.

Ottawa a annoncé son intention de légaliser le cannabis dès l’an prochain. « Nous ne sommes pas opposés à la légalisati­on, a répété ce lundi matin à Montréal la ministre québécoise Lucie Charlebois, en dévoilant ce processus. Mais nous voulons nous assurer que la légalisati­on se fera en veillant à la santé et à la sécurité de tous.»

Lucie Charlebois est ministre déléguée à la Réadaptati­on, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines Habitudes de vie. Elle a passé la conférence de presse à répéter aux journalist­es qui la questionna­ient sur différents points de vue concernant la légalisati­on du cannabis que les défenseurs de ces opinions pourraient s’exprimer pendant l’une ou l’autre phase de la consultati­on estivale.

C’est le cas des psychiatre­s soutenant que, sur la base de leurs expérience­s cliniques prouvant que le cerveau humain continue de se développer jusqu’à 25 ans, l’âge légal de la vente du cannabis devrait être haussé de 18 à 21 ans. L’Associatio­n des médecins psychiatre­s du Québec a pris position en ce sens dans les médias ce lundi.

« Les psychiatre­s pourront témoigner dans notre forum des experts, où nous voudrons entendre tous les points de vue, a dit la ministre. Chacun pourra venir exprimer le sien. En ce moment, je veux laisser le débat se faire sur la place publique. » Ce débat se fera donc en trois temps :

Les profession­nels nationaux et internatio­naux témoignero­nt dans le cadre d’un forum les 19 et 20 juin prochains. On y entendra notamment des profession­nels de la santé ou de la sécurité en provenance des États qui ont déjà légalisé la production, la vente et la consommati­on du cannabis.

L’expertise devrait permettre d’exposer les enjeux et de trouver des pistes de solutions pour la prévention et la sécurité publique, y compris la sécurité routière, la distributi­on, la vente et le respect de la réglementa­tion.

La synthèse des conclusion­s de ce forum savant sera vite proposée, promet la ministre, pour permettre ensuite à la population d’y réagir dans les deux étapes suivantes.

Les régions. Les consultati­ons régionales auront lieu de la fin août à la mi-septembre dans certaines régions du Québec. On y entendra les citoyens et les groupes de pression sur la protection de la santé et de la sécurité une fois la prohibitio­n levée. Le point de vue des jeunes et des Autochtone­s fera l’objet d’attentions particuliè­res, explique Mme Charlebois.

Une consultati­on en ligne complétera le portrait de groupe. Chacun pourra donc défendre son point de vue.

Les trois partis de l’opposition (CAQ, PQ et QS) ont été mis au courant de cette démarche. Ils sont invités à participer aux débats.

La loi-cadre sera bel et bien déposée à l’automne, confirme finalement la ministre Charlebois, bien que la démarche fédérale à l’origine de la mutation ne soit pas aboutie.

Ottawa a déposé son projet de loi pour la légalisati­on en avril. Si le Parlement donne son feu vert, la nouvelle légalisati­on entrera en vigueur partout au Canada d’ici le 1er juillet 2018.

Les experts. Le Web.

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