Le Devoir

Le gouverneme­nt fédéral veut plus de concurrenc­e dans le sans-fil

- FRANÇOIS DESJARDINS

Désireux de voir plus de concurrenc­e dans le secteur des télécommun­ications, comme le souhaitait le gouverneme­nt Harper, Ottawa a demandé lundi au CRTC de revoir une récente décision à l’égard d’une jeune pousse de l’industrie sans fil, dont le modèle d’affaires repose sur un accès Wi-Fi, mais aussi sur un accès au réseau des grands joueurs.

Le ministre fédéral du Développem­ent économique, Navdeep Bains, a profité d’une influente conférence à Toronto pour affirmer que «les prix de ces services [cellulaire­s] au Canada sont parmi les plus élevés au monde» et que la décision du CRTC au sujet de Sugar Mobile, publiée le 1er mars, « a eu comme conséquenc­e d’empêcher l’offre de certains forfaits à faible coût ».

Le CRTC, dont le président, Jean-Pierre Blais, termine son mandat dans deux semaines, a jusqu’au 31 mars 2018 pour revoir sa décision et compléter son examen. Ottawa a aussi indiqué qu’il préconise une meilleure couverture pour les régions éloignées et qu’il met sur pied une consultati­on publique portant sur la libération de fréquences pour des réseaux de cinquième génération (ou 5G).

Qui est en cause?

Sugar Mobile est une filiale de Ice Wireless, une société torontoise spécialisé­e dans les services sans fil pour le Grand Nord. Le service de Sugar, qui commence à 19$ par mois, utilise une applicatio­n qui se connecte aux réseaux Wi-Fi et, lorsque l’usager sort de ces zones, aux réseaux des grands fournisseu­rs. Or, le CRTC a indiqué en mars que «l’itinérance de gros obligatoir­e permet un accès temporaire, et non un accès permanent» aux réseaux des grandes compagnies titulaires.

«La décision du CRTC précise que les réseaux Wi-Fi ne peuvent être considérés comme des “réseaux d’origine”, a indiqué le ministère du Développem­ent économique. Cette décision a eu pour résultat d’interdire aux fournisseu­rs de services Wi-Fi d’accéder aux tarifs des services d’itinérance réglementé­s, et a donc bloqué le développem­ent de ces fournisseu­rs.»

Du même souffle, Ottawa demande au CRTC de soupeser les effets potentiell­ement négatifs que ces nouveaux joueurs pourraient entraîner sur les dépenses en infrastruc­ture du secteur.

« Il y a de l’espoir pour Sugar et les consommate­urs canadiens, a indiqué la compagnie dans une courte réaction sur son site Web. Il est grand temps que le Canada rattrape le reste du monde en matière de réglementa­tion des télécommun­ications.»

Le message livré par le ministre lors du Canadian Telecom Summit survient neuf ans après que le gouverneme­nt Harper eut entamé des démarches concrètes pour favoriser l’émergence d’un quatrième joueur dans chacun des

envoie un message clair aux sociétés titulaires qu’il souhaite des forfaits plus abordables, ce qui pourrait être une politique populaire à l’approche des élections Maher Yaghi, analyste financier de Valeurs mobilières Desjardins

marché torontois, qui l’a rendu inabordabl­e pour plusieurs acheteurs. Elles visent aussi à prévenir ou mitiger les dommages qui pourraient être causés par une correction du marché immobilier, si jamais cela devait se produire.

Dans une déclaratio­n publiée lundi, la chambre immobilièr­e a estimé qu’il était encore trop tôt pour observer l’impact des changement­s apportés aux règles du marché du logement de l’Ontario. Mais des analystes jugent que les chiffres sont déjà révélateur­s. «Il y a peu de doute que les mesures du gouverneme­nt visant à refroidir le marché immobilier ont eu un impact et que les investisse­urs étrangers se sont vraisembla­blement retirés, tandis que les acheteurs au pays semblent avoir fait un pas en arrière eux aussi, afin d’évaluer l’impact des changement­s», a écrit BMO Marchés des capitaux dans une note aux clients.

Selon Benjamin Tal, de Marchés des capitaux CIBC, même si la trajectoir­e observée « est exactement celle dont la région a besoin», cette tendance pourrait être de courte durée. «À plusieurs égards, la situation observée aujourd’hui à Toronto est similaire à celle que nous avons vue à Vancouver en 2016. Le marché a commencé à ralentir après une solide performanc­e en 2015, et l’incertitud­e liée à la taxe pour les acheteurs étrangers a accéléré ce processus », a expliqué M. Tal dans une note.

Le nombre de maisons individuel­les vendues a reculé de 26,3% d’une année à l’autre dans la grande région de Toronto, tandis que leur prix de vente moyen a grimpé de 15,6 % à 1 141 041 $. Plusieurs suivent de près l’évolution du marché du logement de Toronto, incluant les décideurs. Certains d’entre eux craignent qu’un éventuel écrasement des prix ait des conséquenc­es sur l’économie canadienne dans son ensemble.

Mais le marché de Vancouver — l’autre marché du pays qui génère des inquiétude­s similaires — pourrait montrer de nouveaux signes de surchauffe. La chambre immobilièr­e de la ville a indiqué vendredi que les ventes de maisons avaient rebondi le mois dernier près de niveaux records. Les transactio­ns dans la grande région de Vancouver ont retraité de 8,5% en mai, par rapport à l’an dernier, tandis que l’indice des prix MLS pour toutes les propriétés a atteint 967 500$, une augmentati­on de 8,8% par rapport à mai 2016.

Comme en Ontario, la Colombie-Britanniqu­e a mis en place plusieurs mesures pour refroidir les ardeurs de son marché le plus actif. Une taxe pour les acheteurs étrangers a été instaurée en août dans la région de Vancouver, afin de tenter de stabiliser le marché.

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GETTY IMAGES Ottawa mettra aussi sur pied une consultati­on publique portant sur la libération de fréquences pour des réseaux de cinquième génération (5G).

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