Le Devoir

Trump attire toujours les grands investisse­urs souverains

- GÉRARD BÉRUBÉ

Les investisse­urs souverains jettent leur dévolu sur les États-Unis et délaissent le Royaume-Uni.

Les fonds souverains et les banques centrales entendent accorder la préséance aux ÉtatsUnis pour leurs investisse­ments, et ce, pour une quatrième année consécutiv­e. Ce pays conserve sa première place dans les choix d’investisse­ment avec un score de 8 sur 10 dans une étude d’Invesco. La firme-conseil en investisse­ment ajoute que 37% des personnes interrogée­s ont surpondéré les États-Unis en 2016 et le feront davantage cette année, dans une proportion de 40%. L’enquête a été menée auprès de 97 investisse­urs souverains et gestionnai­res des réserves des banques centrales, regroupant un actif de 12 000 milliards de dollars américains.

«L’attractivi­té du pays est principale­ment due à la hausse des taux d’intérêt ainsi qu’à la confiance des marchés dans le régime fiscal favorable aux entreprise­s promis par Donald Trump », a souligné Invesco. «Cependant, les incertitud­es quant à la capacité de Trump de mener à bien ses réformes promises continuent de miner la confiance à long terme, et les perspectiv­es positives quant aux investisse­ments d’infrastruc­ture potentiels aux États-Unis souffrent des craintes qu’un protection­nisme croissant dans le pays limiterait l’accès aux investisse­urs souverains étrangers.»

« Le Brexit est considéré comme un » facteur considérab­lement négatif pour les placements au Royaume-Uni Invesco, dans son étude

À l’opposé, le Royaume-Uni a perdu de l’attrait aux yeux de ces investisse­urs. Le Brexit montré du doigt, la cote de ce pays est passée de 7,5 à 5,5 sur 10. «Le Brexit est considéré comme un facteur considérab­lement négatif pour les placements au Royaume-Uni, et les investisse­urs souverains qui placent des fonds en Europe s’interrogen­t sur l’avenir du Royaume-Uni en tant que plaque tournante financière pour l’Europe, compte tenu de l’incertitud­e des taxes à l’importatio­n et de l’accessibil­ité du marché à l’avenir», peut-on lire. La chute de la livre sterling dans la foulée du vote référendai­re a toutefois eu une influence sur la valeur des capitaux engagés dans cette région et a alimenté une reprise des actions britanniqu­es. Ainsi, 33% des personnes interrogée­s ont indiqué sous-pondérer le Royaume-Uni dans leurs investisse­ments, mais 13% ont déclaré surpondére­r cette région.

Risques géopolitiq­ues

Les risques géopolitiq­ues demeurent une préoccupat­ion dominante. En ce qui a trait à l’Europe, les institutio­nnels perçoivent un risque accru de dissolutio­n de l’Union européenne, ce qui ne les empêche pas de miser sur l’Allemagne. « L’Allemagne se démarque de ses voisins européens et continue de figurer parmi les destinatio­ns de placement les plus attrayante­s au monde pour les investisse­urs institutio­nnels [...] La popularité de l’Allemagne est attribuée à sa réputation de “havre de sécurité” et sa santé économique suscite un optimisme accru», écrit Invesco.

La faiblesse persistant­e des taux d’intérêt n’est également pas sans provoquer une distorsion. « Les investisse­urs souverains considèren­t la faiblesse des taux d’intérêt comme le principal facteur de répartitio­n tactique de l’actif, qui les amène à accorder des pondératio­ns croissante­s aux placements immobilier­s afin d’obtenir d’autres sources de revenus. » Cette répartitio­n pourrait toutefois pâtir d’un changement de régime de la politique monétaire. « Dans l’ensemble, le contexte de rendement est demeuré éprouvant pour les investisse­urs souverains, qui sont restés, en moyenne, deux points de pourcentag­e en deçà de leurs cibles de rendement. »

Taux négatifs

En Europe seulement, la part de la dette de la zone euro affichant des rendements négatifs a atteint près de 46% en mai, son niveau le plus élevé cette année, selon les données de Tradeweb reprises lundi par l’agence Reuters. Ces statistiqu­es indiquent également que 27% des obligation­s de la zone euro ont un rendement inférieur au taux de dépôt (-0,4%) de la Banque centrale européenne, là encore la proportion la plus élevée depuis décembre.

Globalemen­t, « l’année dernière s’est révélée difficile pour les investisse­urs souverains avec des inquiétude­s bien réelles quant aux niveaux de financemen­t et aux prévisions de rendement. […] La demande de placements alternatif­s comme l’infrastruc­ture est un thème récurrent depuis plusieurs années », ajoute Invesco, qui rappelle toutefois qu’ils sont toujours plus nombreux à convoiter ces éléments d’actif dont l’offre est toujours plus restreinte. «Alors que les investisse­urs disposent de moins d’effets de levier sur lesquels compter en matière de répartitio­n d’actif, ils se tournent toujours plus vers les marchés immobilier­s, où l’offre est abondante, et vers les États-Unis et l’Allemagne pour y trouver de nouvelles occasions et profiter de leur santé économique. »

 ?? NICHOLAS KAMM AGENCE FRANCE-PRESSE ?? L’attractivi­té du pays est notamment due à la confiance des marchés dans le régime fiscal promis par Trump, a souligné Invesco.
NICHOLAS KAMM AGENCE FRANCE-PRESSE L’attractivi­té du pays est notamment due à la confiance des marchés dans le régime fiscal promis par Trump, a souligné Invesco.

Newspapers in French

Newspapers from Canada