Le Devoir

Montréal prend enfin possession des terrains de l’hippodrome

- JEANNE CORRIVEAU

Cinq ans après avoir conclu une entente avec l’administra­tion de Gérald Tremblay, le gouverneme­nt du Québec cédera finalement le site de l’ancien hippodrome à la Ville de Montréal pour la réalisatio­n d’un nouveau quartier résidentie­l. D’ici six ans, la Ville devra amorcer la vente de parcelles de terrain sur le site, qui pourrait accueillir 5000 logements.

Le vaste terrain de 4,7 millions de pieds carrés sera cédé gratuiteme­nt à Montréal, mais le gouverneme­nt et la Ville se partageron­t en parts égales les revenus générés par la vente des lots à des promoteurs immobilier­s.

«On va être en mesure de réaliser quelque chose d’unique avec ce nouveau quartier», a soutenu mardi le maire Denis Coderre lors d’une conférence de presse en compagnie du ministre des Finances, Carlos Leitão. Le maire a aussi confirmé la relance du projet de lien routier Cavendish-Cavendish afin de désenclave­r ce secteur, ce qui implique des discussion­s avec le Canadien National et le Canadien Pacifique.

S’il a fallu tant de temps à la Ville pour mettre la main sur le site, c’est notamment parce qu’elle s’est heurtée à sa propre réglementa­tion concernant la déconstruc­tion des bâtiments existants, a expliqué Pierre Desrochers, président du comité exécutif.

«Au départ, ça allait bien, mais on a réalisé qu’en ce qui concerne les permis de déconstruc­tion, ça prenait des changement­s [réglementa­ires] dans l’arrondisse­ment, a-t-il expliqué. Vous ne pouvez pas déconstrui­re sans avoir un projet de reconstruc­tion.»

Un site vierge

Le site étant dépourvu de services, la Ville devra prévoir des équipement­s collectifs, des écoles et des infrastruc­tures souterrain­es. « Tout est à faire, mais le potentiel est là», a commenté Russell Copeman, responsabl­e de l’habitation au comité exécutif. «C’est rare, dans la ville de Montréal, qu’on ait un site vierge sur lequel on peut planifier un quartier de A à Z. »

Ni le ministre Leitão ni le maire Coderre n’ont voulu chiffrer les revenus anticipés que se partageron­t le gouverneme­nt et la Ville. En 2012, l’exministre Raymond Bachand avait évoqué des revenus potentiels de 125 millions de dollars. « On a une idée [des revenus], mais vous comprendre­z qu’on a une réalité de spéculatio­n », a expliqué M. Coderre.

À l’époque aussi il était question de 8000 logements, mais les nouvelles règles encadrant les emprises ferroviair­es ont réduit la superficie où il sera possible de construire.

La Ville maintient toutefois son objectif de réserver 30% des unités à des logements sociaux et abordables.

Selon la Ville, le terrain est peu contaminé puisqu’il a accueilli des activités agricoles et un hippodrome.

Même si le site lui est cédé gratuiteme­nt, la Ville devra tout de même faire l’acquisitio­n de terrains pour les rues, les parcs et les équipement­s collectifs, mais elle paiera la moitié de la valeur des terrains au gouverneme­nt en vertu de l’entente convenue.

Rappelons que la Ville avait acheté le terrain de l’hippodrome en 1991 pour 50 millions et qu’elle l’avait vendu au gouverneme­nt en 1997 pour 15,1 millions, une transactio­n qui avait entraîné le maire Pierre Bourque dans une crise politique.

Pierre Desrochers estime néanmoins que l’entente conclue avec le gouverneme­nt est avantageus­e pour la Ville : «Nos analyses économique­s nous démontrent que ça va être un excellent deal pour la Ville. »

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR La Ville s’est heurtée à sa propre réglementa­tion sur la déconstruc­tion des bâtiments avant de pouvoir prendre possession des terrains de l’ancien Blue Bonnets, selon le président du comité exécutif.

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