Le Devoir

Moins d’examens, plus de temps d’enseigneme­nt ?

Le ministre Proulx lance une réflexion sur l’évaluation des apprentiss­ages

- MARCO FORTIER MARIE-MICHÈLE SIOUI DAVE NOËL

Le ministre Sébastien Proulx s’apprête à lancer une vaste réflexion sur le nombre d’examens et sur la meilleure façon d’évaluer les élèves du primaire et du secondaire.

La politique de réussite éducative, qui sera déposée au cours des prochains jours, lancera un chantier sur la délicate question de l’évaluation des apprentiss­ages.

«Est-ce qu’il y a trop d’examens, est-ce qu’on évalue adéquateme­nt, est-ce qu’on évalue pour les bonnes raisons? a dit le ministre de l’Éducation, mardi, en marge des travaux à l’Assemblée nationale. Est-ce qu’il y a trop de temps consacré à se préparer à des examens plutôt qu’à apprendre?»

La controvers­e sur les notes gonflées ne fait cependant plus partie des préoccupat­ions du ministre. Il a applaudi mardi à la décision des députés libéraux qui ont bloqué, en commission parlementa­ire, une demande de l’opposition visant à faire la lumière sur la manipulati­on des notes au primaire et au secondaire.

La majorité libérale a rejeté des motions du Parti québécois (PQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ) visant à étudier en profondeur la façon dont les élèves sont évalués. Les députés de l’opposition cherchent à savoir dans quelle mesure les notes sont manipulées à l’insu des enseignant­s pour augmenter le taux de réussite des enfants.

Il fut un temps où le réseau scolaire subissait une certaine pression, au moment de la création des premières cibles de réussite, a convenu le ministre. «Je pense qu’elle est terminée, cette pression-là, maintenant. Tout le monde sait qu’il ne faut pas le faire [gonfler les notes] », a ajouté Sébastien Proulx. Sa directive, donnée la semaine dernière au réseau de l’éducation, était claire: «Les modificati­ons de notes dans le but d’atteindre des cibles de réussite ne sont pas tolérées», a écrit le ministre. Pour lui, le dossier est clos. Mais les députés de l’opposition veulent en savoir plus.

La réussite d’abord

La directive du ministre, «c’est de la poudre aux yeux sans conséquenc­es réelles sur un problème dont on ne connaît pas l’ampleur », a réagi Alexandre Cloutier, du Parti québécois. «On ne peut pas dire à nos jeunes de ne pas tricher si le système triche lui-même. »

Une récente consultati­on menée par la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE) auprès de ses membres donne une idée de l’ampleur du phénomène: près de la moitié des enseignant­s affirment que les notes de leurs élèves ont déjà été manipulées à leur insu.

Par exemple, certaines écoles mettent en place une « note plancher » de 40 % ou 45 %. Les enseignant­s ne peuvent tout simplement pas entrer une note inférieure à ce seuil dans le système informatiq­ue: le système ne le permet pas. Aux examens du ministère de l’Éducation, des élèves qui ont 58% ou 59% obtiennent aussi la note de passage de 60% pour leur éviter un échec.

«Il y a une pression dans le réseau pour faire passer davantage d’élèves, a dit le député Jean-François Roberge, de la CAQ. C’est ça qui n’est pas tellement clair, et c’est pour ça qu’on veut entendre les enseignant­s. Est-ce que [cette pression] vient des directions d’école ? Est-ce que ce sont les enseignant­s euxmêmes qui sentent cette pression-là, peut-être de la part de certains parents?»

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