Le Devoir

La réglementa­tion financière américaine vise l’actionnair­e touriste

- GÉRARD BÉRUBÉ

Aux États-Unis, les petits actionnair­es auront moins voix au chapitre. Il sera plus difficile à l’actionnair­e touriste de soumettre une propositio­n au vote lors des assemblées.

Ces modificati­ons accompagne­nt la refonte de la réglementa­tion financière présenteme­nt à l’étude au Congrès. Le gouverneme­nt américain veut remplacer la loi DoddFrank, mise en place dans le sillage de la crise financière de 2008, par le Financial Choice Act, qui élimine notamment la notion «trop grosse pour faire faillite» accolée aux institutio­ns à risque systémique et allège le poids réglementa­ire sur les institutio­ns de plus petite taille.

En marge de cette révision réglementa­ire, un pan est consacré à l’influence des actionnair­es exercée sur les conseils d’administra­tion, peut-on lire dans un texte de l’Associated Press (AP). Il répond au souhait des entreprise­s cotées en Bourse de réduire le nombre et la portée des propositio­ns d’actionnair­es. La Chambre de commerce des États-Unis en a fait une priorité, allant jusqu’à soutenir que l’encadremen­t actuel incitait beaucoup d’entreprise­s à demeurer privées. Même non contraigna­nts, ces votes peuvent induire certains comporteme­nts ou choix.

Au risque de diluer l’activisme actionnari­al, les changement­s déposés visent à atténuer ou limiter l’impact d’actionnair­es touristes ou opportunis­tes, qui favorise une multiplica­tion des propositio­ns, parfois frivoles, et engendre dépenses et démarches multiples pour les entreprise­s visées.

Selon les changement­s souhaités par les républicai­ns, les actionnair­es désirant soumettre une propositio­n devront détenir au moins 1 % des actions émises et en circulatio­n depuis au moins trois ans. Les limites actuelles sont la détention d’une valeur de 2000$US en actions pendant un an, indique l’AP. Selon un spécialist­e cité par l’agence, le tiers des propositio­ns soumises lors des assemblées ne pourraient être déposées en vertu des nouvelles règles.

Invité à commenter, Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques, retient qu’« il est vrai que le nombre de propositio­ns d’actionnair­es a augmenté de façon importante, provoquant des dépenses et démarches multiples pour contrer des propositio­ns parfois incongrues».

Il rappelle, à titre d’illustrati­on, qu’ «un fort mouvement se répand maintenant pour permettre aux actionnair­es représenta­nt ensemble 3% des actions en circulatio­n et les détenant depuis trois ans de mettre leurs propres candidats en nomination comme membres du conseil (jusqu’au tiers ou 25% des membres) », écrit-il dans son courriel.

À ses yeux, un tel seuil de 1% des actions détenues pendant trois ans n’est pas déraisonna­ble, d’autant qu’il est possible de se regrouper pour les atteindre. Mais il croit que ces seuils suggérés seront abaissés lorsque le projet sera débattu au Sénat américain.

Le gouverneme­nt américain veut remplacer la loi Dodd-Frank, mise en place dans le sillage de la crise financière de 2008, par le Financial Choice Act

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MIKE THEILER AGENCE FRANCE-PRESSE La refonte de la réglementa­tion financière est présenteme­nt à l’étude au Congrès.

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