Le Devoir

Des dizaines de municipali­tés veulent mieux protéger leurs sources d’eau potable

- ALEXANDRE SHIELDS

Le gouverneme­nt Couillard compte analyser le règlement déposé par les 230 municipali­tés qui veulent imposer des normes plus sévères de protection de l’eau potable contre les forages pétroliers et gaziers. Mais l’analyse sera menée au cas par cas, précise le ministre, qui refuse d’accéder directemen­t aux demandes des municipali­tés.

Quelque 230 municipali­tés de plusieurs régions du Québec viennent de déposer collective­ment au gouverneme­nt le règlement qu’elles ont adopté et qui imposerait une distance minimale de deux kilomètres entre une source d’eau et des forages.

Ces municipali­tés demandent donc au ministre de l’Environnem­ent David Heurtel de leur accorder le droit de déroger à la réglementa­tion provincial­e. Ce Règlement sur le prélèvemen­t des eaux et leur protection (RPEP), adopté en 2014, impose une distance minimale de 500 mètres entre les sources d’eau potable et les puits gaziers ou pétroliers. Une distance jugée nettement insuffisan­te par les municipali­tés pour s’assurer d’éviter toute contaminat­ion.

«Nous demandons au ministre Heurtel d’écouter et de respecter notre demande, a résumé jeudi la mairesse de Batiscan, Sonya Auclair. Il a le pouvoir de le faire et dispose aujourd’hui de toute la preuve scientifiq­ue pour prendre une décision éclairée: celle de protéger l’eau potable de près de 3,5 millions de citoyens et citoyennes au Québec. »

Analyse à venir

Au cabinet du ministre Heurtel, on a précisé jeudi que les règlements envoyés au ministre «seront analysés» au cas par cas, avant de statuer si la municipali­té peut déroger au règlement provincial.

Au début de 2016, le ministre avait toutefois refusé à 325 municipali­tés le droit d’adopter un règlement plus sévère que celui mis en place par les libéraux en vue des projets d’exploratio­n pétrolière et gazière.

Par ailleurs, le gouverneme­nt mène présenteme­nt un processus de révision des normes en vigueur, comme le prévoit le règlement. Ce processus doit être achevé au mois d’août.

«Le ministère a mandaté des experts universita­ires dans plusieurs domaines pour obtenir un portrait exhaustif des connaissan­ces scientifiq­ues et techniques les plus récentes à l’égard des exigences du RPEP, dont les activités d’exploratio­n et d’exploitati­on gazière et pétrolière. Le rapport issu de cette démarche sera rendu public», a précisé l’attachée de presse du ministre, Émilie Simard.

Interpellé à la sortie de la période des questions, David Heurtel a soutenu que le gouverneme­nt est déjà «très strict» en matière de protection de l’eau potable. Il a également rappelé que pour tout forage réalisé dans un rayon de deux kilomètres d’une source d’eau, une «étude scientifiq­ue indépendan­te» est exigée du promoteur avant l’autorisati­on de forer.

Dans le passé, l’adoption d’un règlement de protection de l’eau potable par la municipali­té de Ristigouch­e Sud-Est lui a valu une poursuite de 1,5 million de la part de l’entreprise Gastem, lancée en 2013. Cette entreprise souhaitait réaliser un forage sur le territoire, avec l’approbatio­n du gouverneme­nt du Québec.

Au fil des ans, le gouverneme­nt du Québec a accordé des milliers de kilomètres carrés de permis d’exploratio­n sur le territoire de la province, mais sans jamais consulter les population­s concernées. À l’heure actuelle, des permis ont été délivrés pour plus de 53 225 km2 de territoire.

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PETROLIA Le Règlement sur le prélèvemen­t des eaux et leur protection impose une distance minimale de 500 mètres entre les sources d’eau potable et les puits gaziers ou pétroliers.

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