Le Devoir

Le système financier du Canada est plus vulnérable

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

La Banque du Canada a estimé jeudi que le système financier du pays était de plus en plus exposé aux chocs économique­s, dans un contexte où le niveau d’endettemen­t des ménages continue à grimper et où le marché du logement donne des signes de déséquilib­re.

Mais même si ces vulnérabil­ités continuent de s’accentuer, le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a estimé que le système financier restait résilient dans son ensemble et que les conditions économique­s plus larges montraient des signes d’améliorati­on.

L’évaluation de la banque centrale s’inscrivait dans le cadre de sa revue semestriel­le des principale­s vulnérabil­ités et des risques qui entourent la stabilité du système financier.

Les deux plus grandes inquiétude­s de la banque centrale sont interrelié­es. Selon son analyse, la croissance des prêts hypothécai­res à Toronto et à Vancouver a largement alimenté l’augmentati­on du niveau d’endettemen­t d’ensemble des Canadiens depuis sa dernière évaluation,

«Plus

leur nombre augmente, plus il est probable que des chocs économique­s négatifs dans le secteur des ménages importante­s» entraînent des conséquenc­es La Banque du Canada dans son rapport

dévoilée il y a six mois.

«Les ménages fortement endettés disposent d’une moins grande marge de manoeuvre pour faire face à des variations soudaines de leurs revenus», affirme la banque dans son rapport.

La publicatio­n du document survient alors que les inquiétude­s continuent de s’accumuler au sujet du marché immobilier canadien. Cette semaine, l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) a recommandé au Canada d’en faire plus pour limiter les risques associés à la surchauffe des marchés immobilier­s, qui touche particuliè­rement Toronto et Vancouver.

Le rapport de la banque centrale a aussi noté la récente décision de l’agence de notation Moody’s d’abaisser la note des six grandes banques canadienne­s en raison de la hausse de la dette du secteur privé des prix élevés des logements.

Au cours de la dernière année, divers gouverneme­nts à travers le Canada ont mis en place des mesures destinées au marché du logement et des changement­s de politiques qui devraient aider à assouplir ces vulnérabil­ités avec le temps, a prédit la banque centrale.

Les récentes mesures mises en place par le gouverneme­nt fédéral ont amélioré la qualité du crédit des hypothèque­s assurées, mais le nombre d’hypothèque­s non assurées augmente et les caractéris­tiques de certaines d’entre elles témoignent d’un risque accru, a poursuivi la banque.

Le rapport fait aussi état de certains indices laissant croire qu’un nombre croissant d’emprunteur­s réussissen­t à accumuler la somme nécessaire au versement d’une mise de fonds au moyen d’autres types de prêts, afin de ne pas avoir à souscrire un prêt assuré.

La banque a aussi nommé deux risques clés qui pourraient menacer le système financier.

Le premier est un «choc de demande étrangère négatif, persistant et de grande ampleur» qui entraînera­it une profonde récession. Même si la banque a noté que la probabilit­é de voir un tel risque se concrétise­r était faible, le fait que la vulnérabil­ité des ménages se soit accentuée fait en sorte que ses conséquenc­es, s’il devait se matérialis­er, seraient plus graves.

L’autre risque, que la banque centrale considère comme «modéré», est une correction régionale des prix des logements dans les marchés en surchauffe, comme ceux de Toronto et de Vancouver et leurs régions avoisinant­es. Un tel développem­ent nuirait à l’économie plus large et au système financier, a-t-elle précisé.

Newspapers in French

Newspapers from Canada