Le Devoir

Des premiers ministres canadiens à Washington pour préparer le terrain

- ALEXANDER PANETTA à Washington

Les premiers ministres de huit provinces et territoire­s canadiens étaient à Washington cette semaine pour une série de rencontres avec des élus, des hauts fonctionna­ires et des gens d’affaires en prévision de la renégociat­ion de l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (ALENA).

Les leaders canadiens ont surtout exprimé le souhait que ces négociatio­ns se déroulent rapidement et sans trop de douleurs, en évitant le « bar ouvert» et les interminab­les listes d’épicerie.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, n’était pas du voyage, tout comme son homologue de la Colombie-Britanniqu­e, où un nouveau gouverneme­nt n’est pas encore officielle­ment formé.

Ces rencontres survenaien­t par ailleurs au moment où la capitale américaine était secouée par un scandale politique majeur: jeudi matin, les yeux des Américains étaient rivés sur la diffusion en direct du témoignage du directeur de la police fédérale américaine (FBI), limogé par le président Donald Trump.

La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, se disait encouragée, jeudi, par les entretiens tenus à Washington cette semaine. Elle dit avoir entendu plusieurs intervenan­ts voulant adopter une approche plus légère, en mettant l’accent sur la modernisat­ion de l’ALENA dans des secteurs nouveaux comme les services de données, plutôt qu’une réforme en profondeur de l’accord.

Certains de ces ajustement­s ont d’ailleurs déjà été négociés pour le défunt Partenaria­t transpacif­ique, par exemple dans des chapitres consacrés à l’infonuagiq­ue ou aux «médicament­s biologique­s», qui n’existaient pas en 1993 lors de la conclusion de l’ALENA. Les Américains voudraient maintenant « recycler » certains de ces chapitres dans d’autres traités commerciau­x.

«Je dirais qu’en général les gens souhaitent des modificati­ons rapides plutôt que radicales, ce qui ne veut pas dire que les détails ne seront pas nombreux — ils le sont toujours en pareilles négociatio­ns », a indiqué Mme Wynne.

Gagnant-gagnant

La stratégie américaine sera plus claire lorsque Washington aura dévoilé ses priorités de négociatio­ns, cet été. Un document préliminai­re devrait être publié à la mi-juillet et les négociatio­ns proprement dites entre les trois parties devraient débuter à la fin août.

Le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a estimé jeudi que les Américains devront choisir entre la conclusion rapide d’un accord sur certains points, ou alors de longues négociatio­ns s’ils veulent obtenir gain de cause sur tout. Or, selon lui, les législateu­rs américains rencontrés cette semaine semblent plutôt adhérer au principe voulant que toutes les parties doivent sortir gagnantes d’une négociatio­n.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, espère quant à lui des négociatio­ns rapides, mais quand même exhaustive­s, sans se faire trop d’illusions. Et s’il devait choisir entre de longues négociatio­ns et le statu quo, il opterait pour ce dernier scénario.

Laura Dawson, une experte du commerce canadien au centre

«Je

crois que tout le monde à qui j’ai parlé s’entend pour » ne pas retourner chaque pierre Kathleen Wynne, première ministre de l’Ontario

Wilson, à Washington, est plutôt sceptique face à la conclusion rapide et aisée d’un accord: trop de clientélis­me, trop de procédures politiques, trop de priorités individuel­les, selon elle. Mme Dawson ne croit pas qu’un accord puisse être conclu d’ici la fin de l’année: elle pense plutôt que les négociatio­ns vont se poursuivre derrière des portes closes pendant plusieurs mois, probableme­nt même après les élections mexicaines de juillet 2018.

La «crise politique» à Washington cette semaine a en tout cas distrait un peu lors de la visite des émissaires canadiens.

Mais la première ministre Wynne a souligné qu’il fallait aller de l’avant en présumant que les négociatio­ns sur l’ALENA auront lieu sous le gouverneme­nt Trump. L’incertitud­e politique a ajouté un élément d’imprévisib­ilité au dossier, a toutefois convenu Mme Wynne, mais ses homologues et elle devaient « continuer » leur travail.

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CHRISTOPHE­R KATSAROV LA PRESSE CANADIENNE La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, s’est dite encouragée par les entretiens tenus.

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