Le Devoir

La science pour démêler le faux du vrai

À l’ère de la « post-vérité », la foire familiale du Vieux-Port a son importance

- ANNABELLE CAILLOU

À l’heure où distinguer le vrai du faux est devenu un défi colossal, la recherche scientifiq­ue prend une place d’autant plus importante dans le quotidien des Québécois, en perpétuell­e quête de vérité et toujours plus assoiffés de comprendre l’univers qui les entoure.

La plus grande fête de la science au Québec, le festival Eureka!, envahit une nouvelle fois les quais du Vieux-Port ce week-end, tout autour du Centre des sciences de Montréal. Pour cette 11e mouture, des scientifiq­ues de tout acabit tâcheront de démystifie­r leur domaine de recherche et de répondre aux questions des Montréalai­s et des visiteurs d’ici et d’ailleurs.

Jeunes et moins jeunes pourront assister à pas moins d’une centaine d’activités gratuites pour se plonger au coeur de la science et mieux comprendre tout ce qui se passe dans leur quotidien. Au programme: des ateliers interactif­s de création et d’expériment­ation, des spectacles inédits et de nombreuses conférence­s.

Aux yeux du porte-parole de l’événement, Martin Carli, le festival prend une importance toute particuliè­re cette année, alors que les citoyens sont plongés malgré eux dans une atmosphère de fausses nouvelles, submergés par une multitude d’informatio­ns désormais accessible­s en un clic.

Le scientifiq­ue et animateur de l’émission Génial ! (diffusée sur les ondes de Télé-Québec) s’inquiète même de voir que les Québécois s’informent de plus en plus avec les réseaux sociaux — comme le notait la semaine passée le Centre facilitant la recherche

et l’innovation dans les organisati­ons (CEFRIO). Il considère alors le Festival Euréka ! comme une occasion de démêler le vrai du faux avec l’aide de vrais scientifiq­ues.

«C’est une chance, et c’est important d’avoir accès à de l’informatio­n validée, vérifiée par des experts. En ce moment, ce n’est vraiment pas de refus », ajoute-t-il, soucieux.

Former la relève

Cette célébratio­n de la science est aussi un moyen de faire découvrir à tout un chacun les dessous du métier. «Les gens s’imaginent qu’un scientifiq­ue c’est ce savant fou, avec de grosses lunettes, aux idées folles, lance d’un ton rieur Martin Carli. Mais c’est un stéréotype. Le métier de scientifiq­ue, c’est être pharmacien, journalist­e scientifiq­ue, biologiste, ingénieur.»

À ses yeux, pour défaire les stéréotype­s qui restent collés au milieu de la recherche et ainsi assurer une relève de qualité, il faut « générer l’intérêt envers les sciences dès le plus jeune âge possible» avec des événements ludiques ouverts à tous.

Le porte-parole rappelle au passage que les 10 premières éditions ont réuni pas moins de 660 000 personnes, «et on reçoit davantage de visiteurs chaque année », soutient-il.

Rêver en grand

Et pour piquer d’autant plus la curiosité des visiteurs cette année, le festival Euréka! aura pour thème principal le rêve.

Si beaucoup l’oublient, la science détient sa part de créativité et le rêve y joue un rôle essentiel, selon Martin Carli. «C’est le rêve qui est à la base de bien des découverte­s scientifiq­ues. Les chercheurs rêvent de découvrir de nouvelles choses, ils rêvent de répondre aux questions fondamenta­les sur l’univers, ils rêvent de trouver les remèdes pour améliorer la santé des gens et sauver la planète.»

Plusieurs activités directemen­t liées au rêve seront proposées aux festivalie­rs: un arbre virtuel à qui confier ses rêves, un atelier d’une journalist­e de l’agence SciencePre­sse qui dévoilera le faux et le vrai sur nos rêves et nos cauchemars, ou encore une conférence d’Antonio Zadra, professeur au Départemen­t de psychologi­e de l’Université de Montréal, qui s’attardera à expliquer ce qu’est un rêve et comment il se construit.

Ce dernier regrette que peu de personnes prennent le temps de s’intéresser à leurs rêves. À tel point que l’action de rêver est devenue quelque chose d’acquis, croit-il. Pourtant, les gens en apprendrai­ent beaucoup sur eux-mêmes en accordant à leurs rêves davantage d’importance, en tentant de s’en souvenir et en les partageant.

«On passe le tiers de notre vie à dormir, et on passe facilement six bonnes années dans tout ça juste à rêver. Comment ne pas essayer de comprendre le pourquoi et le comment de cette partie de notre vie?» s’interroge le professeur. FESTIVAL EURÊKA! Du 9 au 11 juin, dans le Vieux-Port de Montréal, près du Centre des sciences.

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PHOTOS ROLAND LORENTE Il est important de «générer l’intérêt envers les sciences dès le plus jeune âge possible», croit le porte-parole de l’événement, Martin Carli.
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Le thème du festival cette année sera celui des rêves, et plusieurs activités aborderont ce sujet, encore mystérieux.

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