Violents combats à Raqqa
Des forces arabo-kurdes syriennes soutenues au sol et dans les airs par les ÉtatsUnis tentaient de progresser jeudi dans Raqqa au prix de violents combats dans le principal fief du groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie.
Au moins 17 civils y ont été tués par des frappes aériennes de la coalition dans la nuit de jeudi à vendredi, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le bilan pourrait encore s’alourdir, car des dizaines de personnes ont été blessées, a précisé à l’AFP le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahman.
Sept mois après le début d’une offensive d’envergure qui leur a permis de s’emparer de vastes régions autour de la ville septentrionale de Raqqa, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont entrées mardi pour la première dans cette cité, annonçant le début de la «grande» bataille pour en chasser le groupe EI.
La bataille de Raqqa constitue l’un des principaux fronts de la guerre aux multiples belligérants en Syrie, qui a fait plus de 320 000 morts depuis mars 2011.
Un correspondant de l’AFP a pu pénétrer brièvement mercredi dans le quartier de Mechleb, contrôlé désormais en partie par les FDS, qui étaient entrées par l’est.
Il a été témoin de violents combats avec notamment des tirs d’obus des deux côtés.
Équipées d’armes légères, notamment des kalachnikovs, les FDS tentaient de cacher leurs véhicules pour ne pas être repérées par les drones du groupe EI.
« Nos troupes avancent à Mechleb et contrôlent des parties du quartier», a dit jeudi à l’AFP un porte-parole des FDS, Talal Sello. « Les forces de la coalition internationale travaillent avec nous sur le terrain de manière très efficace.»
La coalition internationale conduite par Washington a affirmé avoir mené 22 frappes contre le groupe EI près de Raqqa mercredi.
Les FDS n’ont pas autorisé les journalistes à retourner dans Raqqa, où des combats intenses se poursuivaient jeudi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les FDS contrôlent environ deux tiers de Mechleb et se
trouvent à 400m du quartier adjacent d’al-Senaa.
Le quartier a été vidé de ses habitants par les djihadistes avant l’entrée des FDS, et le groupe EI y a creusé des tranchées défensives et des tunnels.
Les combats se poursuivaient également à la périphérie ouest de Raqqa, ajoute l’OSDH.
Un responsable du ministère américain de la Défense a souligné mercredi que le rôle des forces spéciales américaines à Raqqa « n’avait pas changé », et qu’il est toujours «de conseiller et d’assister» les FDS et non de combattre directement le groupe EI.
« Ce sont les FDS qui mènent le combat» à Raqqa, a-t-il déclaré. «Mais si nous nous faisons tirer dessus, nous avons le droit de nous défendre», a indiqué Eric Pahon, un porte-parole du Pentagone.
Il a affirmé qu’il restait «jusqu’à 2500» combattants du groupe EI dans Raqqa.
Selon le Pentagone, « des centaines» de militaires américains participent à l’offensive.
Capturée par les djihadistes en 2014, Raqqa est devenue le symbole des atrocités commises par le groupe EI ainsi qu’une base pour la planification d’attentats commis à l’étranger.
Les habitants font état de bombardements incessants, a indiqué un militant du collectif Raqqa is Being Slaughtered Silently (Raqqa est massacrée en silence). elon lui, les conditions de vie se détériorent avec, outre les bombardements, des pénuries d’eau et d’électricité.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a affirmé que quelque 100 000 personnes «pourraient se trouver piégées» durant l’assaut. L’International Rescue Committee a dit craindre que le groupe EI n’utilise les civils comme «boucliers humains».
L’armée syrienne a été absente jusqu’à présent de la bataille de Raqqa, même si l’agence de presse officielle Sana a indiqué que l’armée de l’air avait visé des positions du groupe EI dans l’ouest de la province éponyme.