Washington poursuivra son enquête
La Commission du commerce international des États-Unis (ITC) a donné son feu vert afin que Washington poursuive son enquête sur les allégations de Boeing, qui prétend que les avions CSeries de Bombardier sont injustement subventionnés.
Cette décision, rendue vendredi, ouvre la porte à l’imposition de droits compensatoires sur les appareils CSeries qui seront exportés au sud de la frontière. L’ITC a estimé que certaines indications permettaient de croire que l’industrie américaine était « menacée […] par l’importation d’avions commerciaux de 100 à 150 places en provenance du Canada qui sont vraisemblablement subventionnés et vendus aux États-Unis en deçà de leur valeur marchande ».
Ainsi, le département américain du Commerce continuera son enquête et annoncera le 21 juillet s’il impose des droits compensatoires. Une décision similaire en ce qui a trait aux droits antidumping est attendue vers le 4 octobre.
Échaudée par la commande
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Nous avons bon espoir que la revue et l’analyse détaillée des faits démontreront que la requête de Boeing est non fondée Simon Letendre, porte-parole de Bombardier
de 75 avions CS100 décrochée par Bombardier auprès de Delta Air Lines l’an dernier, Boeing affirme que les subventions octroyées à l’avionneur lui ont permis d’offrir de généreux rabais. Le géant établi à Chicago demande aux autorités américaines d’imposer un droit compensatoire d’au moins 79,41% ainsi qu’un droit antidumping de 79,82% sur les ventes de CSeries au sud de la frontière.
Boeing accuse Bombardier de concurrence déloyale à l’endroit de ses appareils 737 étant donné que l’avionneur québécois a bénéficié d’investissements «publics» de 2,5 milliards $US de Québec et de la Caisse de dépôt et placement.
Appelé à commenter, un porte-parole de Boeing, Dan Curran, a rappelé que le Canada était considéré comme un partenaire commercial de longue date. «Le commerce international peut fonctionner uniquement si les règles sont identiques pour tous et c’est ce principe qui peut créer de la valeur pour le Canada, les États-Unis et notre industrie aéronautique», a-t-il écrit.
Bombardier a une fois de plus rejeté les accusations, affirmant que la famille CSeries n’était pas en concurrence avec les avions de Boeing dans le cadre de la commande de Delta l’an dernier. Un porte-parole, Simon Letendre, a indiqué que le constructeur s’attendait à cette décision de l’ITC « compte tenu des très faibles exigences permettant à Boeing de franchir la première étape du processus», a-t-il fait valoir, dans un courriel.
Reproche à Boeing
La démarche de Boeing a été critiquée par le ministre fédéral de la Défense, Harjit Sajjan, qui a estimé que l’entreprise américaine ne se comportait pas comme un «partenaire de confiance» et qu’elle devrait retirer sa plainte. En raison de ce litige, Ottawa a laissé entendre qu’il pourrait abandonner l’idée d’acheter 18 avions de chasse Super Hornet de Boeing.
La décision de l’ITC survient en même temps qu’un jugement de l’Organisation mondiale du commerce, qui a estimé que les États-Unis ne soutenaient pas injustement Boeing. L’organisation a toutefois reproché au gouvernement américain de ne pas avoir mis fin à une exemption fiscale dans l’État de Washington, où le géant américain de l’aéronautique construit la majorité de ses appareils.