Macron en route vers une majorité
Le président français, Emmanuel Macron, élu il y a un mois à peine, est en passe de remporter son pari et d’obtenir une forte majorité parlementaire. Mais, au terme du premier tour de ces élections législatives, cette majorité semble devoir être obtenue au prix d’une abstention historique. Moins d’un Français sur deux (49 %) a daigné se présenter aux urnes par ce dimanche ensoleillé.
Les candidats de l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande dominent très largement ce premier tour des élections législatives avec 34 % des voix, ce qui pourrait assurer au président une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. On estime que son parti pourrait faire élire entre 390 et 430 députés sur les 577 de l’assemblée. La plupart des leaders de La République en marche !, comme Richard Ferrand et Christophe Castaner, sont en tête dans leur circonscription respective. On peut donc prévoir que, dès la semaine prochaine, Emmanuel Macron pourra gouverner sans devoir s’allier à un autre parti. Pas même au Modem, le parti centriste de François Bayrou qui a aidé à sa victoire.
Si Les Républicains risquent de perdre une centaine de députés, le Front national, pourtant arrivé second au premier tour de la présidentielle, risque de ne pas avoir les 15 députés nécessaires pour former un groupe parlementaire.
Même inquiétude du côté de La France insoumise de JeanLuc Mélenchon, qui n’obtient que 11% des voix. Quant aux socialistes, ils n’obtiennent que 10% des voix et poursuivent leur descente aux enfers.
La droite divisée
La défaite est surtout amère pour les candidats de la droite, qui ont fait une campagne en rangs dispersés et dont la moitié des élus se disaient « compatibles » avec le gouvernement d’Emmanuel Macron. Avec seulement 21%, ils pourraient perdre une centaine de sièges. «On n’a jamais aussi peu voté», a déploré le porte-parole de la droite Bernard Accoyer sur France 2. Signe des défections qui saignent littéralement ce parti, le transfuge Bruno Le Maire, nommé ministre de l’Économie par Emmanuel Macron, est en passe d’être élu sous la bannière La République en marche !.
Le leader des Républicains, François Baroin, qui avait fait campagne avec François Fillon pour une réduction draconienne des budgets, a dénoncé dimanche les hausses d’impôts que prévoit décréter Emmanuel Macron. Fait à noter : 37 % des électeurs de François Fillon à la présidentielle se sont abstenus, ce qui est exceptionnel pour un électorat âgé et de droite. L’ancien député Hervé Mariton s’inquiète, lui, d’«un risque de parti unique».
Comme cela est généralement le cas, le Front national ne parvient pas à mobiliser ses électeurs aux législatives autant qu’à la présidentielle. Les 35% du second tour de la présidentielle ont donc fondu autour de 14%. Marine Le Pen arrive néanmoins en tête dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont (avec environ 45% des voix) où elle affrontera dimanche prochain un candidat de La République en marche !. Le numéro deux du Parti, Florian Philippot, arrive aussi en tête en Moselle. Pour le Front national, ce qui se jouera dimanche prochain, c’est la possibilité de former un groupe reconnu à l’Assemblée nationale.
«Emmanuel Macron va se soumettre à la politique d’austérité réclamée par Mme Merkel,a déclaré la présidente du FN. […] Il faut, dans le cadre de cette recomposition de la vie politique, envoyer des députés prêts à s’opposer […] à la politique mondialiste de M. Macron. » Selon elle, «le Parti d’Emmanuel Macron est en train d’absorber le Parti socialiste et Les Républicains ».
Comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon est en passe d’être élu dans sa circonscription alors que son parti ne rassemble que 11% des voix et qu’il aura beaucoup de difficulté à former un groupe reconnu à l’Assemblée. «Il n’y a pas de majorité pour détruire le Code du travail», a déclaré le leader de La France insoumise, qui se retrouvera au second tour devant un candidat d’Emmanuel Macron.
L’hécatombe socialiste
Les socialistes connaissent une véritable hécatombe avec à peine 10% des voix. Ils passeraient de 289 députés à tout au plus 35! Même les anciens ministres Benoît Hamon (candidat à la présidentielle) et Aurélie Filippetti ainsi que le premier secrétaire du parti, JeanChristophe Cambadélis, ont mordu la poussière. Pour l’ancien député Julien Dray, le Parti socialiste traverse « une crise politique profonde» et il faudra « refonder l’identité socialiste». Il rappelle que, dans les candidats qui ont rallié Emmanuel Macron, il y a « des nouveautés, mais aussi beaucoup de recalés de la vie politique».
Sur France 2, le politologue Brice Teinturier expliquait cette abstention historique par le fait qu’«il n’y a pas malgré tout une passion très forte pour l’élection législative […]. Les Français veulent donner sa chance à ce président sans se dire, pour autant, que c’est un sauveur ». Du côté des gagnants, certains candidats de La République en marche! accueillaient leur victoire avec humilité. Pour le jeune ministre du Numérique, Mounir Mahjoubi, «le chiffre le plus important de ce soir, c’est celui de l’abstention». Même point de vue pour la journaliste Natacha Polony, qui juge la très faible représentation de l’opposition, pourtant majoritaire en France, plus que « problématique ». Le second tour de ces élections législatives se déroulera dimanche prochain.
Le Front national n’a pas réussi à mobiliser ses électeurs de la présidentielle