Les questions de diversité divisent les péquistes
Les délégués rejettent des propositions phares du rapport de St-Pierre Plamondon
Les 400 délégués du Parti québécois ont refusé dimanche d’appuyer les propositions phares destinées à attirer plus de Québécois d’adoption et de jeunes contenues dans le rapport «Faire partie de la solution» de Paul St-Pierre Plamondon.
Après que l’exécutif national eut rejeté les appels de l’ex-candidat à la chefferie du PQ à réserver des postes dans les exécutifs de circonscription à des personnes issues de la diversité, les délégués d’un conseil national spécial ont voté dimanche contre une proposition édulcorée proposant de « favoris [er] la présence d’au moins une personne de la diversité» dans cette instance.
Selon un militant de Saint-Henri–Saint-Anne, le PQ a raté une occasion en or d’«envoyer un bon message d’ouverture», et ce, moins d’un mois après avoir été taxé par des membres de Québec solidaire de «porter en lui» la « bête » du racisme.
Les délégués avaient été convoqués à Drummondville afin d’entériner la feuille de route d’accession vers l’indépendance avalisée par tous les membres des Organisations unies
pour l’indépendance (OUI Québec). Mais, entre-temps, Québec solidaire a renié sa signature au bas de l’entente de principe. Le PQ s’adapte à cette «nouvelle conjoncture politique », a souligné le président sortant du PQ, Raymond Archambault.
Dans ce premier Conseil national « post-convergence », la déléguée de l’exécutif péquiste de la circonscription de Vachon, Marie Imatta PierreLys, a appelé ses confrères et consoeurs à battre la proposition de M. St-Pierre Plamondon, puis à déployer toute leur énergie à rédiger un « beau programme qui va inclure tout le monde» en vue des élections générales de 2018. « Avant tout, je me considère comme une Québécoise. Que je sois noire ou femme, mes intérêts sont comme [ceux] de toutes les autres personnes. Si je me présente à un poste de conseillère, [il ne faut] pas que je sois favorisée parce que je suis noire, mais par d’autres qualités que j’ai », a-t-elle déclaré lors du débat.
L’émissaire de l’exécutif de Berthier, Patrick Gaétan Parent, a aussi voté contre la proposition de l’exécutif national, estimant que le concept de «diversité» prête à différentes interprétations : il n’est pas seulement ethnoculturel. «La diversité, c’est beaucoup plus que ça. C’est pas juste d’être noir. Ça, ça se voit vite quand on est noir», a-t-il illustré, suscitant des rires amusés… et des rires gênés.
Le résultat du vote, à main levée, était flou. « Proposition rejetée », a pourtant lancé le président d’assemblée sous le regard ébahi de M. St-Pierre Plamondon. «Je pensais qu’il [le vote] avait passé», a-t-il dit dans un impromptu de presse dimanche soir. Il a attribué le rejet de sa proposition principalement à l’intervention de Mme Pierre-Lys. « Ç’a beaucoup influencé le débat. C’est une bonne nouvelle dans la mesure où quelqu’un issu de la diversité au sein du PQ nous dit: il n’y a aucun problème au Parti québécois sur le plan de la diversité », a-t-il affirmé à moins de 15 mois des prochaines élections générales.
Il ne se satisfait pas pour autant du refus opposé à cette proposition centrale de son rapport «Faire partie de la solution» par les délégués. D’ailleurs, l’avocat promet de revenir à la charge avec une proposition similaire au congrès national du PQ en septembre prochain. «Malgré les succès individuels que certains ont pu avoir […], on a de l’ambition, on veut plus de diversité. Donc, je continue à penser qu’il faut mettre des mesures pour favoriser des places à des Québécois d’adoption ou des Québécois issus de la diversité. »
Quotas ou pas, la volonté du PQ de recruter en grand nombre des Québécois issus de la diversité culturelle (16% de la population québécoise) qui partagent à la fois ses «valeurs», ses «propositions» et son «objectif indépendantiste» est réelle, a fait valoir le chef du parti, JeanFrançois Lisée. Il s’est fixé dimanche l’«objectif» de présenter au moins 20 candidats issus des communautés culturelles (sur 125) aux prochaines élections générales. « Je ne dirais pas qu’il y aura un quota, a-t-il précisé. C’est un souhait. C’est un objectif. » Mais, chose certaine, ces candidats ne seront pas tous dépêchés dans des circonscriptions imprenables, a promis le chef péquiste.
40 ans
Les délégués du PQ ont aussi balayé l’idée d’imposer un quota de 33% de membres âgés de moins de 40 ans dans les instances de la formation politique, comme le proposait M. StPierre Plamondon. Les délégués se sont toutefois dits favorables à l’idée de «favoriser» l’octroi d’un poste sur trois à des membres âgés de moins de 40 ans. «C’est moins ferme», a noté M. St-Pierre Plamondon en fin de journée.
Le PQ, qui compte 80 000 membres, est «en renouvellement profond », a répété M. Lisée comme un mantra. Pour preuve, le nombre de membres âgés de moins de 40 ans a bondi de 33% depuis le début de l’année, a-t-il avancé.
Aux yeux de M. St-Pierre Plamondon, ces statistiques démantèlent les préjugés selon lesquels «le PQ est le parti d’une seule génération » et «l’indépendance n’intéresse pas les jeunes ».
Je ne dirais pas qu’il y aura un quota [de candidats issus de la
diversité]. C’est un souhait. C’est un objectif. Jean-François Lisée, chef du Parti québécois