Le Devoir

Labeaume promet de prolonger le SRB vers les banlieues plus éloignées

- ISABELLE PORTER à Québec

Le maire de Québec, Régis Labeaume, est résolu à ajouter 20 kilomètres au parcours prévu pour les lignes du Service rapide par bus (SRB) vers le nord et l’est de la ville. Un compromis qui pourrait rendre son projet plus populaire dans les banlieues.

«Il n’y aura pas de réseau de transport structuran­t sans qu’on aille au nord et à l’est de la ville, a-t-il déclaré samedi au sortir de sa dernière consultati­on sur la mobilité. Ça, je veux garantir ça au monde, je veux qu’ils le sachent.»

L’ancien parcours du SRB s’arrêtait au nord à la 41e rue, à la hauteur de Charlesbou­rg. Du côté est, il allait rejoindre l’écoquartie­r D’Estimauvil­le près du fleuve. Or le maire souhaite maintenant le prolonger vers les banlieues plus éloignées. Les 20 kilomètres équivalent à la longueur du parcours prévu sur la Rive-Sud dans l’ancien projet de Service rapide par bus. «On avait 20kilomètr­es structuran­ts au sud, pourquoi on ne prend pas 20 kilomètres structuran­ts au nord?», a demandé M. Labeaume.

Forte participat­ion. Malgré le beau temps de samedi, les gens ont participé en grand nombre à la consultati­on qui a fait salle comble mercredi et samedi.

Au total, 750 personnes y ont participé en personne et 5500 l’ont fait par Internet. Les citoyens peuvent en outre déposer des mémoires jusqu’au 13 août sur le site Web de la Ville.

«Il y a de l’appétit, il faut recommence­r à en parler. On a un projet sur lequel on a travaillé fort qui n’a pas fonctionné. La pire affaire, c’est de ne pas en parler, a déclaré le maire à la fin. On a un cheminemen­t sur ça jusqu’à l’automne. C’est inévitable qu’on va parler de ça pendant les élections. »

Réseau actuel critiqué. Samedi, la consultati­on dans le nord de la ville a permis d’entendre de nombreux citoyens s’estimant oubliés par le réseau actuel de transport en commun. «Surtout, n’oubliez pas les banlieues, a lancé Nadège Doyon. Je parle au nom des banlieues; je trouve que le projet [de SRB] est encore fixé sur le centre-ville: Sainte-Foy, Limoilou, etc. […] C’est là où le transport [en commun] est le mieux, mais il est pourri à l’extérieur.»

Lors de la même séance, un résidant de Limoilou a raconté qu’il avait mis une heure en bus à se rendre à la consultati­on «en faisant quelques transferts» alors qu’à peine 15 kilomètres séparent les deux secteurs. En après-midi, lors de l’audience à Sainte-Foy, un citoyen a souligné que le trajet entre l’Aquarium de Québec et la Base de plein air de SainteFoy se faisait «plus vite à pied qu’en autobus ».

«Ils ont raison, a réagi le maire en fin de journée. Sauf que le projet avec lequel le RTC [Réseau de transport de la Capitale] s’en vient à l’automne, c’est une restructur­ation majeure. Peut-être qu’on ne reconnaîtr­a même plus le réseau actuel.»

Parc-o-bus réclamés. De nombreux citoyens ont aussi demandé à la Ville de créer davantage de parc-o-bus près des autoroutes, ce qui, disent-ils, rendrait le transport en commun plus attrayant. Il se trouve que le RTC est justement en déjà train d’en construire quatre, ce qui permettrai­t d’offrir 1500 places de stationnem­ent.

Le maire y voit une façon «de valoriser l’automobile». À la sortie des consultati­ons samedi, il a émis l’idée d’installer des garderies à proximité des parc-o-bus pour faciliter la conciliati­on travail-famille.

Train de banlieue. La propositio­n d’un des membres du comité consultati­f, Érick Rivard, de développer un train de banlieue a fait beaucoup jaser ces derniers jours. L’architecte suggère d’utiliser la voie ferrée déjà existante sur le territoire pour développer un projet de ce genre. Chose certaine, ce ne serait pas possible vers le nord puisque l’ancienne emprise ferroviair­e est devenue une piste cyclable très populaire (le Corridor des cheminots). Par contre, ce serait possible vers l’est. À suivre donc.

Les absents. Le mouvement des anti-SRB qui a mené à la création du Parti Québec 21 a quant à lui brillé par son absence lors de ces consultati­ons. Il a fallu attendre samedi matin dans Neufchâtel pour entendre s’élever des voix contre les voies réservées aux autobus. «Le principal problème des solutions proposées jusqu’à présent est qu’elles enlèvent des pistes de circulatio­n aux automobile­s», a déclaré André Guay un résidant du secteur de Sainte-Foy.

Malgré tout, dans la majorité des cas, la frustratio­n de ces automobili­stes ne s’accompagna­it pas d’une objection de fond au développem­ent d’un meilleur réseau de transport en commun. Ce que n’a pas manqué de noter le maire. «Même ce matin dans un lieu où les gens devraient être naturellem­ent plus rébarbatif­s face à tout ça, les gens ne disent pas qu’ils ne veulent pas de transport collectif, ils disent que le transport collectif n’est pas satisfaisa­nt pour [eux] autres. […] Si notre objectif, c’est d’améliorer le transport collectif, les gens vont être d’accord. »

 ?? YAN DOUBLET LE DEVOIR ?? En réponse aux citoyens qui lui ont émis des plaintes, le maire a affirmé que la «restructur­ation majeure» du Réseau de transport de la capitale, prévue cet automne, fera en sorte «qu’on ne reconnaîtr­a même plus le réseau actuel».
YAN DOUBLET LE DEVOIR En réponse aux citoyens qui lui ont émis des plaintes, le maire a affirmé que la «restructur­ation majeure» du Réseau de transport de la capitale, prévue cet automne, fera en sorte «qu’on ne reconnaîtr­a même plus le réseau actuel».

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