Le Devoir

Sports: un dixième titre à Roland-Garros pour Rafael Nadal

- FRANÇOIS BONTOUX à Paris

Rafael Nadal a remporté sa «decima», son dixième titre à Roland-Garros, un total à deux chiffres qu’aucun champion n’a jamais atteint dans un même tournoi du Grand Chelem, en balayant dimanche Stan Wawrinka dans un match à sens unique 6-2, 6-3, 6-1.

Resté trois ans sans titre majeur, l’Espagnol parachève avec ce quinzième Grand Chelem la reconquête de son royaume, le tennis sur terre battue. Sa domination est même redevenue tyrannique, comme dans les plus grandes années de ses deux premiers règnes, un quadruplé de 2005 à 2008 et un quintuplé de 2010 à 2014.

En sept matchs, il n’a pas perdu un seul set, et ses adversaire­s ne lui ont pris que 35 jeux au total. La finale a été expédiée en à peine plus de deux heures contre le champion de 2015, 3e mondial, invaincu en trois finales majeures, le seul qui semblait capable de l’inquiéter un peu avec le jeune Autrichien Dominic Thiem, écrasé lui aussi en demi-finale.

À 31 ans, Nadal relance la course au record des trophées en Grand Chelem détenu pour l’instant, avec 18 unités, par Roger Federer, 35 ans, absent à Roland-Garros. Il laisse définitive­ment derrière lui Pete Sampras (14). Quant à son total de 10 à Paris, il n’est pas près d’être égalé.

Un retour en force

Ce succès est l’aboutissem­ent d’un retour au premier plan entamé dès l’Open d’Australie, en janvier, où il avait joué sa première finale majeure depuis son titre à Paris en 2014. Si Roger Federer l’avait arrêté en finale (comme en avril à Miami), ce niveau de performanc­e annonçait une montée en puissance une fois venue la saison de l’ocre, la surface où son jeu donne sa pleine mesure.

Nadal a dominé la préparatio­n de la tête et des épaules, remportant trois titres à Monte-Carlo, à Barcelone, puis à Madrid. Et aucun pépin physique n’est venu contrarier sa course, contrairem­ent à l’an passé. Déjà sorti du creux de la vague de 2015 (10e mondial), il avait été contraint à l’abandon avant le troisième tour de Roland-Garros par une blessure au poignet.

Ayant très mal vécu cet épisode, il n’en a que plus savouré son triomphe dans «le tournoi le plus important de sa carrière ». «Le sentiment que j’ai est indescript­ible. L’adrénaline que je ressens ici n’est comparable avec celle d’aucun autre endroit», a dit le vainqueur aux spectateur­s du Central, qui l’ont adopté après lui en avoir longtemps voulu de martyriser leur chouchou Federer (5 défaites, dont 4 en finale).

Deuxième mondial

Nadal va remonter à la deuxième place mondiale dès lundi. Et la première, qu’il a déjà occupée pendant 141 semaines en plusieurs tronçons, est de nouveau à portée de sa raquette, car le contexte est favorable et son jeu est revenu tout près de son sommet.

L’an passé, il avait peu (et mal) joué au deuxième semestre à cause de sa blessure. Il a donc beaucoup de points à gagner dans les tournois à venir. Tout le contraire du no 1 actuel, Andy Murray, qui aura beaucoup de mal à conserver son capital après avoir presque tout gagné fin 2016.

Surtout, le tennis de Nadal semble au niveau de celui de ses plus grandes années, 2008, 2010 et 2013, voire plus haut encore dans certains domaines, comme le revers et le service. Faut-il y voir la patte de son ami Carlos Moya, qui l’entraîne depuis le début de l’année aux côtés de l’oncle Toni, lequel quittera la scène à la fin de l’année ?

Wawrinka au tapis

Contre Wawrinka, il a été éblouissan­t de maîtrise. En défense, ses jambes lui ont permis de mettre en échec le jeu ultra agressif du Suisse en début de match. Puis il a pris l’initiative avec son formidable coup droit lifté de gaucher et c’est Wawrinka, 32 ans, qui a visité le court, exercice rendu encore plus pénible par la chaleur.

Nadal a rendu une copie presque immaculée: 12 fautes seulement dans tout le match, dont seulement quatre avec son revers à deux mains, redevenu une arme comme son service. Efficace en première balle, il n’a offert qu’une occasion de break (sauvée).

Dans ces conditions, le suspense n’a duré que cinq jeux, le temps pour l’Espagnol de prendre pour la première fois le service du Vaudois, puis d’enchaîner une série de sept jeux (6-2, 3-0). La suite n’a été qu’une formalité face à un rival rapidement découragé.

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Rafael Nadal

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