Louis Riel en effet cumulatif
Entre Toronto et Québec, l’opéra mis en scène par Peter Hinton fait une halte à Ottawa
Après sa présentation à la Canadian Opera Company de Toronto en avril dernier, à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, l’opéra Louis Riel d’Harry Somers fait escale au Centre national des arts d’Ottawa, jeudi 15 et samedi 17 juin. Ce même spectacle, mis en scène par Peter Hinton dans des décors de Michael Gianfrancesco, sera ensuite présenté les 30 juillet, 1er et 3 août au Grand Théâtre de Québec dans le cadre du Festival d’opéra de Québec, où Le Devoir en rendra compte.
Dans Le Devoir du 29 avril, Jean-François Nadeau s’est penché avec le metteur en scène Peter Hinton sur l’actualité de l’opéra composé il y a cinquante ans par Harry Somers, sur un livret de Mavor Moore et Jacques Languirand. La lecture des propos de Peter Hinton nous apprenait que, dans sa vision, l’opéra Louis Riel comporte «des biais liés à une vision coloniale», qu’il a
voulu corriger en «donnant une voix aux autochtones» par la présence du choeur silencieux.
Au Centre national des arts, comme à Toronto et Québec, la distribution réunira Russell Braun (Louis Riel), James Westman (Macdonald), Alain Coulombe (Mgr Taché), Simone Osborne et Allyson McHardy. Alors que les spectacles de Québec seront menés par Jacques Lacombe, les deux représentations d’Ottawa seront placées sous la direction d’Alexander Shelley.
N’oubliez pas le compositeur!
Dans cette reprise de Louis Riel, on a parlé d’histoire, de controverses autour du héros, de défauts supposés du livret, mais on a fort peu évoqué la musique d’Harry Somers (1925-1999), sur laquelle nous reviendrons évidemment dans nos commentaires du spectacle de Québec.
Cela dit, nous avons eu la chance, à Montréal, de revoir Louis Riel depuis la création en 1967. C’était en janvier 2005, et l’oeuvre était montée par Opera McGill au Théâtre Maisonneuve. Elle avait alors fait forte impression. Au long des trois actes et dix-huit tableaux en français, anglais, latin et cri, Somers utilise une large palette expressive: musique populaire, électronique, airs lyriques a cappella, langage sériel… Le compositeur a construit son oeuvre avec des procédés cumulatifs: plus l’opéra avance, plus l’architecture s’épaissit, comme un rouleau compresseur.
Dans Le Devoir, François Tousignant avait écrit : « La musique frappe sec. […] Tout vit avec une efficacité dramatique incroyable. […] Pour une fois, l’opéra nous parle si bien de notre histoire encore si présente qu’on reste fasciné, voire pantois. » On n’en attend ni plus ni moins douze ans plus tard.