Le Devoir

Le gouverneme­nt garde la main haute sur les nomination­s

La motion du NPD sur la création d’un sous-comité multiparti­te fait long feu

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le gouverneme­nt Trudeau ne changera pas le processus de nomination des chiens de garde du Parlement. Les libéraux rejettent la propositio­n du Nouveau Parti démocratiq­ue, qui aurait garanti aux partis d’opposition un droit de regard sur ces nomination­s.

«Le député propose qu’un sous-comité ait le pouvoir de bloquer de façon permanente toute nomination du gouverneme­nt», a déploré la leader du gouverneme­nt aux Communes, Bardish Chagger, lors du débat sur la motion d’opposition du NPD. Or «un vote dans cette Chambre, c’est important. Chaque député dans cette Chambre mérite d’avoir le droit de voter », a-t-elle argué.

Les néodémocra­tes suggéraien­t qu’un souscomité formé d’un élu par parti reconnu aux Communes soit créé afin d’étudier toute candidatur­e du gouverneme­nt fédéral à l’un des postes d’agent du Parlement. Mais le gouverneme­nt rétorque qu’un tel changement octroierai­t un droit de veto au sous-comité et priverait ainsi l’ensemble des députés de leur droit de vote sur ces nomination­s aux postes de vérificate­ur général, de directeur général des élections, de directeur parlementa­ire du budget ou ceux de commissair­es à l’éthique, au lobbying ou encore aux langues officielle­s.

«La réalité est que cette motion retirerait ce droit. Pas seulement ça, mais elle déléguerai­t le

pouvoir de cette Chambre de décider à un souscomité composé de seulement trois députés»,a dénoncé Mme Chagger.

La ministre et le premier ministre Justin Trudeau ont fait valoir que leur gouverneme­nt avait déjà modifié le processus des nomination­s fédérales en arrivant au pouvoir — un processus qui affiche désormais publiqueme­nt les offres d’emploi, lesquelles sont ouvertes à tous. Les libéraux affirment avoir ainsi procédé à 170 nomination­s — dont 70% de femmes, 12% de personnes issues de minorités visibles et 10% d’autochtone­s. «Les nomination­s que l’on a faites étaient basées sur le mérite et témoignent de la pleine diversité de ce pays », a plaidé le premier ministre.

Histoire de convaincre les libéraux d’appuyer la motion, le NPD l’a amendée, afin de garantir qu’un vote se tienne en Chambre dans tous les cas, que la nomination soit approuvée ou non par le sous-comité. Mais le gouverneme­nt n’a pas changé d’opinion, car l’idée néodémocra­te est «redondante», selon Mme Chagger, puisque «chaque personne nommée comparaît déjà devant un comité parlementa­ire».

La propositio­n néodémocra­te « est de loin supérieure au statu quo», estimait le conservate­ur Scott Reid, dont le parti compte appuyer la motion du NPD. Les chefs du Parti vert et du Bloc québécois, Elizabeth May et Martine Ouellet, la voient aussi d’un bon oeil, mais déplorent toutes deux que la propositio­n n’inclue que les partis reconnus — et exclue donc leur formation.

La Chambre devrait être invitée à se prononcer ce mercredi sur la motion d’opposition du NPD.

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SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE

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