Le Devoir

Place Versailles : un endroit propice aux fuites médiatique­s, selon le SPVM

- AMÉLI PINEDA

Le quartier général des enquêtes spécialisé­es de la police de Montréal serait au coeur de fuites aux journalist­es, a laissé entendre le numéro 2 du SPVM mardi devant la Commission d’enquête sur la protection de la confidenti­alité des sources journalist­iques.

L’emplacemen­t des bureaux de cette importante division de la police de Montréal, à la Place Versailles, dans l’est de la ville, n’est pas jugé «sécuritair­e», selon les explicatio­ns du directeur adjoint responsabl­e des opérations d’enquête et de gendarmeri­e, Didier Deramond.

Devant la commission Chamberlan­d, M. Deramond a notamment fait référence au coulage d’informatio­ns dans l’affaire Ian Davidson à la fin de l’année 2011 et au début de 2012.

Il a expliqué qu’en décembre 2011 un journalist­e avait contacté le porte-parole du SPVM de l’époque, Ian Lafrenière, après avoir reçu une informatio­n concernant un policier retraité qui aurait tenté de vendre des informatio­ns confidenti­elles au crime organisé.

Lors de son témoignage, M. Deramond a insisté à deux reprises sur les préoccupat­ions de la direction du SPVM quant à la proximité de ses policiers avec un endroit fréquenté par «toutes sortes de personnes ».

Après l’éclatement de l’affaire Davidson, à l’été 2012, M. Deramond a décidé d’aller lui-même faire une tournée de «sensibilis­ation» pour rencontrer les 470 policiers qui travaillen­t dans les bureaux du centre commercial pour leur rappeler l’importance du serment de discrétion.

«La Place Versailles n’était pas sécurisée. On retrouvait au pied de l’ascenseur toutes sortes de personnes. Tous les jours, j’avais des policiers qui se promenaien­t dans le centre commercial et qui parlaient à toutes sortes de monde, a-t-il dit. Dire bonjour à quelqu’un, ce n’est pas interdit, mais parler de dossiers opérationn­els, oui. »

Il a rappelé que cette proximité dérangeant­e est un des motifs du déménageme­nt prochain de cette division du SPVM. En juin 2014, la Ville de Montréal avait d’ailleurs annoncé le déménageme­nt des 400 employés de ce service dans un immeuble de Montréal-Est qui abritera également de nouvelles salles de tir. Le vérificate­ur de la Ville et le ministère de la Sécurité publique avaient recommandé que ce service

soit hébergé dans un édifice qui lui est affecté pour des raisons de sécurité et de confidenti­alité.

À l’époque, l’administra­tion du maire Denis Coderre prévoyait le déménageme­nt pour juin 2015, mais les travaux dans le nouvel édifice ne sont toujours pas terminés. Le conseil municipal a approuvé en mars dernier la prolongati­on du bail à la Place Versailles jusqu’au 31 décembre 2018.

Le témoignage de M. Deramond a également permis d’établir la chronologi­e

du déclenchem­ent de l’enquête sur les fuites médiatique­s dans l’affaire Davidson en février 2012. Les policiers ont toujours prétendu que la divulgatio­n d’extraits de déclaratio­ns assermenté­es d’un policier dans les médias avait mis en péril l’enquête en cours.

Or, le directeur adjoint a admis que, lorsque les médias ont révélé l’affaire, le SPVM avait déjà pris la décision de ne porter aucune accusation contre son ancien policier.

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