Prise en otage par le syndicat
Sous prétexte de s’opposer à la prolifération d’«écoles à la carte» dotées de projets éducatifs particuliers, l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal refuse de renouveler la dérogation que le syndicat accordait depuis 30 ans à l’école alternative Rose-des-Vents. L’école Rose-des-Vents se distingue par ses classes composées d’élèves de 1re, 2e et 3e années, puis de 4e, 5e et 6e années. Une autre école alternative de Montréal, l’école Le Vitrail, qui souhaite former de telles classes atypiques, a également essuyé le refus du syndicat.
L’Alliance s’appuie sur un article de la convention collective nationale des enseignants qui stipule que «lorsque l’école compte 65 élèves ou plus de niveau primaire, un groupe ne peut être formé de plus de 2 années d’études à moins d’entente différente entre la commission [scolaire] et le syndicat ».
Ainsi, l’Alliance, qui représente quelque 9000 enseignants, a décidé de ne pas reconduire l’entente particulière qui la liait avec la Commission scolaire de Montréal (CSDM).
Le syndicat a expliqué que «le contexte» avait changé depuis l’adoption, en novembre dernier, du projet de loi 105 qui accorde une plus grande latitude aux directions des écoles pour définir des projets éducatifs qui leur sont propres. La refonte des projets éducatifs pourrait multiplier de façon exponentielle les demandes d’ententes particulières, a dit craindre le syndicat.
Plus largement, l’Alliance s’oppose à ces écoles à vocation particulière qui sélectionnent les élèves et défend le principe de l’école de quartier, «l’école commune», ouverte à tous.
En fait, l’Alliance mène une bataille légitime, mais sans se soucier des victimes collatérales. Le syndicat ne peut prétendre que les écoles alternatives représentent une menace pour l’école de quartier à Montréal: parce qu’elles répondent à un besoin d’un nombre limité d’élèves, elles ne se sont pas multipliées depuis 30 ans.
L’Alliance devrait aussi réfléchir à l’esprit du Code du travail: un syndicat doit défendre l’ensemble de ses membres, mais aussi chacun d’entre eux. Elle fait d’ailleurs l’objet d’une plainte de la part de ses propres syndiqués, les enseignants de l’école Rose-des-Vents, devant le Tribunal du travail.
Il est temps que l’Alliance cesse de prendre en otage les élèves, les parents et ses propres syndiqués de ces écoles alternatives. Ses objectifs sont peut-être valables, mais ses méthodes sont odieuses.