Le Devoir

Légalisati­on du cannabis. Et la fumée secondaire ?

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Il y a un aspect dont nous n’entendons pas parler dans les discussion­s sur le projet de légaliser le cannabis au Canada : l’obligation des fumeurs de protéger l’entourage et les voisins immédiats de la fumée secondaire. Cette lacune nous inquiète pour deux raisons. D’abord, la qualité de l’air qu’on respire est vitale, fondamenta­le. Chaque cellule de notre corps, à chaque moment de notre vie, a besoin d’oxygène, donc d’un air sain. Protéger la qualité de l’air compte dans les logements. Comment nous protéger de la fumée secondaire de fumeurs de cannabis dans notre intimité quand ces fumeurs sont nos voisins immédiats ? Ensuite, une expérience nous a montré que nous ne sommes pas protégés de la fumée secondaire des voisins. Marie a déjà vécu trois ans dans un logement au-dessus d’une personne malade que la mari soulageait et qui a tout fait pour que sa fumée ne nuise pas à Marie. Peine perdue. Pour maintenir une qualité acceptable de l’air dans son propre logement, Marie a dû jour et nuit, hiver comme été, être vigilante pour aérer, coordonner des éventails, etc. Ç’a été épuisant. La fumée se répand, monte dans les logements, sort par une fenêtre, entre par l’autre, imprègne tout. La déguiser ne résout rien non plus, ne fait pas disparaîtr­e la drogue : il faut quand même évacuer l’air vicié. Filtrer la fumée aurait fonc- tionné si un appareil efficace avait existé qui la capte à la source en la neutralisa­nt et en l’empêchant de se répandre. L’expérience a fait ressortir deux dures réalités: 1) aucun filtreur individuel ou de maison vraiment efficace et accessible à tous n’existe actuelleme­nt pour capter et neutralise­r la fumée de cigarette à la source et protéger l’entourage immédiat des fumeurs et leurs voisins proches de la fumée secondaire ; 2) actuelleme­nt, rien n’oblige légalement les fumeurs de cigarettes ordinaires, donc encore moins les fumeurs de cannabis, à protéger leur entourage immédiat et les voisins proches de la fumée secondaire. Or fumer du cannabis n’est pas qu’un choix individuel sans conséquenc­es nocives pour la force et la santé d’une collectivi­té. Cela affecte directemen­t la qualité de l’air dans les logements, donc directemen­t la santé physique et mentale. Cela est une conséquenc­e nocive bien réelle. Nous nous joignons aux médecins et intervenan­ts qui expriment des doutes sérieux sur le projet de loi actuel de légalisati­on du cannabis. Légaliser le cannabis avant même que la prévention soit faite et intégrée par les gens, et sans avoir déjà en place une loi qui protège l’air ou un filtreur efficace à offrir aux fumeurs, c’est mettre la charrue avant les boeufs. Est-ce qu’on vise vraiment le bien-être de la population? Marie Robert et Michel Longtin Ahuntsic, le 13 juin 2017

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