Le Devoir

Financemen­t record pour Element AI

La jeune entreprise devient la plus importante compagnie en intelligen­ce artificiel­le au pays

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Moins d’un an après sa fondation, Element AI annoncera ce mercredi qu’elle est parvenue à obtenir près de 137 millions de dollars de la part d’une dizaine d’investisse­urs, ce qui constitue le plus important financemen­t de série A jamais reçu par une entreprise en intelligen­ce artificiel­le à travers le monde. Cette somme permettra à la jeune compagnie de créer au moins 250 emplois d’ici la fin de l’année et d’établir des bureaux à Toronto et en Asie.

La compagnie montréalai­se confirmera mercredi l’octroi de 102 millions de dollars américains, soit environ 137,5 millions de dollars canadiens, provenant de plusieurs investisse­urs d’envergure, y compris Data Collective, Real Ventures, Fidelity Investment­s Canada, Intel Capital, Microsoft Ventures, la Banque Nationale, la Banque de développem­ent du Canada, NVIDIA, Hanwha Investment et Tencent.

Le financemen­t a été obtenu en échange d’une prise de participat­ion dont l’ampleur demeure inconnue, puisque les dirigeants d’Element AI refusent de divulguer la valorisati­on de l’entreprise.

«C’est énorme, se réjouit le président-directeur général d’Element AI, Jean-François Gagné. Ça nous donne la possibilit­é d’avoir les moyens de nos ambitions.»

Leader au Canada

Fondée en octobre 2016 par Jean-François Gagné, Nicolas Chapados, la firme Real Ventures, ainsi que le directeur de l’Institut des algorithme­s d’apprentiss­age de Montréal, Yoshua Bengio, Element AI permet aux organisati­ons de différente­s tailles d’intégrer l’intelligen­ce artificiel­le à leurs activités, en comptant sur un laboratoir­e et un réseau de chercheurs associés, dont la plupart se trouvent à Montréal.

La nouvelle injection de fonds permettra à la compagnie de devenir le leader canadien dans le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le. Elle compte élargir son réseau de chercheurs et faire passer son nombre d’employés d’une centaine à plus de 350 en l’espace de six mois.

Une centaine de postes devraient être créés à Montréal et à Toronto, où Element AI est sur le point d’officialis­er l’ouverture d’un nouveau bureau. La compagnie compte également s’établir en Asie, soit en Corée du Sud, au Japon ou à Singapour, et recruter du même coup une cinquantai­ne de personnes.

Approche différente

Element AI préparait cette importante ronde de financemen­t depuis plusieurs mois. Le besoin d’argent frais pour passer à la vitesse supérieure s’est fait sentir dès le lancement de l’entreprise, note son patron. «On s’est fait surprendre par l’intérêt pour l’entreprise et pour le modèle d’af faire, affirme M. Gagné. On a besoin de croître rapidement pour saisir l’opportunit­é.»

«Avec notre approche, on arrive avec quelque chose de distinct, poursuit-il. Il y a de la concurrenc­e dans le marché pour des solutions en intelligen­ce artificiel­le, mais personne ne se positionne comme on le fait.»

M. Gagné explique que les entreprise­s qui veulent utiliser l’intelligen­ce pour tirer profit des données qu’elles possèdent rencontren­t généraleme­nt deux obstacles: la technologi­e elle-même, et les talents nécessaire­s pour l’intégrer adéquateme­nt. Il soutient que l’expertise et le réseau d’Element AI offrent une solution clé en main.

L’entreprise est discrète sur ses partenaria­ts, qui touchent entre autres les domaines de la cybersécur­ité, de la fabricatio­n industriel­le, des transports et de la robotique. À titre d’exemple, elle développe actuelleme­nt un projet dans le secteur de l’assurance, en mesurant les risques liés à la production agricole. Elle s’est également associée à une entreprise du secteur manufactur­ier pour lui permettre de mieux contrôler la qualité de ses produits et de faire de la maintenanc­e prédictive, c’est-à-dire de prévoir l’usure des équipement­s et d’agir avant qu’un bris ne sur vienne.

Au cours des prochains mois, l’équipe d’Element AI consacrera une bonne part de ses énergies au recrutemen­t de nouveaux employés, en tentant de mettre la main sur les très convoités ingénieurs spécialisé­s en intelligen­ce artificiel­le.

Un écosystème est en train de prendre forme au Canada dans le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le, mais les talents disponible­s localement ne suffisent pas à la demande, indique M. Gagné, qui plaide en faveur d’investisse­ments pour accélérer la formation des futurs travailleu­rs. «La vitesse de développem­ent va nous obliger à piger des talents ailleurs», admet-il.

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