Le Devoir

Avenir incertain pour Sears Canada, qui pourrait se mettre en vente

- ALEKSANDRA SAGAN à Toronto

Sears Canada, dont les catalogues ont été feuilletés par plusieurs génération­s de Canadiens, a indiqué mardi qu’il entretenai­t un «doute important» quant à son avenir et qu’il pourrait se mettre en vente ou se restructur­er.

Selon l’évaluation actuelle du grand détaillant, la trésorerie et les flux de trésorerie ne suffiront «probableme­nt pas» pour acquitter ses obligation­s dans les 12 prochains mois. Il s’agit d’un nouvel indicateur de la crise que traverse le secteur de la vente au détail depuis la montée en popularité du magasinage en ligne.

« La société demeure aux prises avec un contexte très difficile, des pertes d’exploitati­on récurrente­s et des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitati­on négatifs au cours des cinq derniers exercices, et elle affiche des pertes nettes depuis 2014», a rappelé Sears Canada dans un communiqué. « Même si les projets de la société semblent porter leurs fruits à court terme, notamment en ce qui concerne les ventes des magasins comparable­s, la capacité de la Société à poursuivre son exploitati­on dépend de sa capacité à obtenir d’autres sources de liquidités afin de mettre en oeuvre son plan d’affaires.» L’action de Sears Canada a plongé de 27¢, soit 23,7%, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 87¢.

Dans un environnem­ent de commerce de détail maintenant dominé par des géants comme Amazon, Sears Canada peine à s’épanouir et évoque aujourd’hui les vestiges d’une époque

où le grand détaillant était roi. L’équipe de direction de Sears Canada semble s’être transformé­e en porte tournante, et les changement­s ont été nombreux dans les quatre dernières années.

Malgré ses récents efforts de redresseme­nt, la déchéance de Sears Canada était écrite dans le ciel depuis environ une décennie, a estimé Mandeep Malik, un professeur adjoint à la DeGroote School of Business de l’Université McMaster. «C’est un cas de trop peu, trop tard», a-t-il laissé tomber. Sears Canada a échoué à répondre aux attentes des consommate­urs en ce qui a trait au service, au choix et aux prix, a souligné M. Malik, et maintenant il tente de se rattraper dans un marché hyper concurrent­iel. Son déclin est symptomati­que d’une tendance plus large dans le commerce de détail, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, une rivale de Sears Canada, la Compagnie de la Baie d’Hudson, a annoncé la suppressio­n d’environ 2000 emplois en Amérique du Nord, une mesure qui, elle l’espère, lui permettra de rester concurrent­ielle.

Sears Canada dévoilait mardi ses plus récents résultats financiers. Le détaillant a affiché une perte nette de 144,4 millions pour son premier trimestre, soit plus du double de celle de la même période l’an dernier. Ses revenus ont glissé d’environ 90 millions pour atteindre 505,5 millions, un déclin de 15,2 %.

La société a indiqué qu’elle avait prévu de pouvoir emprunter 175 millions pour obtenir des liquidités additionne­lles, mais ce montant a été réduit à environ 109 millions. Elle a aussi admis ne pas avoir pu trouver d’autres éléments d’actif, comme de l’immobilier, qui auraient pu être vendus. «Par conséquent, de telles conditions jettent un doute important sur la capacité de la Société à poursuivre son exploitati­on», a écrit Sears Canada dans son communiqué.

Un porte-parole de Sears Canada, Vincent Power, a indiqué dans un courriel que l’entreprise ne savait pas encore si elle allait effectuer des mises à pied. Elle comptait environ 16 000 employés à la fin du trimestre clos le 29 avril.

Malgré tout, Sears Canada a souligné des éléments positifs dans ses perspectiv­es. Les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont progressé de 2,9% au plus récent trimestre. Son nombre de magasins a cependant diminué. Sears Canada comptait 94 grands magasins, 23 magasins pour la maison et 10 magasins entrepôts.

Le détaillant a reporté l’assemblée annuelle de ses actionnair­es, qui était prévue pour mercredi.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Les flux de trésorerie ne suffiront «probableme­nt pas» pour acquitter les obligation­s de la compagnie dans les 12 prochains mois.

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