Les habits d’été de Brown
Avec Popluv, le trio hip-hop se réinvente et s’éloigne du son du premier disque
Le trio rap Brown avait creusé sur son fort bon premier disque le sillon de l’identité culturelle métissée, d’où le nom du groupe — le brun, mélange du blanc et du noir. Revoici le trio familial avec un nouveau EP de sept morceaux beaucoup plus portés sur l’amour et drôlement plus bonbon aux oreilles. Le titre de ce mini-album est d’ailleurs assez équivoque : Popluv.
Voilà un projet d’été? Au bout du fil, le rappeur Jam (K6A, Jam & P-Dox), qui forme Brown avec son frère Greg (Dead Obies) et leur père Robin, rejette gentiment l’étiquette. «Je déteste cette idée-là. Ça ne donne jamais de bons résultats quand on essaie de faire des projets d’été!» dit-il en rigolant.
Popluv vient simplement d’un noyau de chansons qui sont nées musicalement plus pop, et où l’amour prenait davantage de place. Brown a décidé d’exploiter cette trame comme «ligne directrice, et de faire un petit projet avec ça ».
Brown se réinvente donc, d’une certaine façon. On retrouve les trois timbres de voix distinctifs, mais le groupe s’éloigne beaucoup du son du premier disque. Jam explique que la composition même de ce groupe fait que les influences et les goûts musicaux sont très vastes. «On a un chanteur et deux rappeurs de presque deux générations différentes, et on ne veut pas s’empêcher de faire quoi que ce soit, dit Jam, le grand frère. C’était important pour nous de rapidement faire le statement qu’il ne faut pas s’attendre à une seule chose de nous. Il y a une essence qui reste, mais on se permet de changer d’habits complètement. »
Jeu vocal
Il n’y a qu’à penser aux mélodies beaucoup plus présentes — «tout est un peu chatonné ou chanté carrément», dit Jam — ou à l’ajout de cordes ici et là sur Popluv, qui viennent mettre un peu plus de crémage sur les productions de Jam, VNCE et Toastdawg. C’est Philippe Brault (Salomé Leclerc, Pierre Lapointe, Random Recipe) qui a composé et arrangé l’orchestration. « On a pris contact avec lui spécifiquement pour ça, pour faire la pièce avec mon père. C’est inspirant de travailler avec des gens qui ont des bases musicales pas juste venues du rap. »
Le morceau du père, c’est le premier titre du EP, Should I’ve Been There, qu’on dirait tirée d’une autre époque avec son approche soul. «Y’a un peu de Sam Cooke ou d’Al Green là-dessus, acquiesce Jam. Quand j’ai entendu sa toune à la base, j’entendais les cordes. C’était l’occasion parfaite d’en mettre. »
Sur scène
Le groupe a fait sa part de concerts dans les derniers mois, mais Jam dit avoir vécu le petit succès du groupe bien humblement. Brown avait peu de matériel en main pour faire un long spectacle et était souvent en première partie des autres. « Je suis bien content de ce qu’on a, mais on n’est pas rendus là complètement. Peutêtre qu’on ne s’y rendra pas non plus. Mais c’est vraiment l’fun en ce moment. On a des super bons shows, souvent avec des artistes que j’adore, qui sont souvent des amis en plus. »
Brown sera d’ailleurs aux FrancoFolies de Montréal ce mercredi soir et à Québec vendredi avec Alaclair Ensemble, où ils proposeront sur scène quelques-uns des titres de Popluv. «On a déjà l’intention de faire un autre album assez rapidement. Il y a déjà quelques pièces d’amorcées, dit Jam. On est là, on a faim ! » POPLUV Brown Disques 7e Ciel
Mercredi, 21 h À la scène Urbaine