Le Devoir

Cyberattaq­ues : les partis politiques canadiens vulnérable­s

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

Des mesures doivent être prises pour contrer la menace grandissan­te de cyberattaq­ues avant l’élection fédérale de 2019, selon le Centre de la sécurité des télécommun­ications du Canada (CST).

L’agence de renseignem­ent électroniq­ue a publié un rapport vendredi où elle note une hausse à l’échelle mondiale des cybermenac­es à l’endroit des démocratie­s, alors que des questions ont été soulevées sur l’ingérence russe lors des élections présidenti­elles américaine­s et françaises.

«Notre gouverneme­nt prend les cybermenac­es contre notre démocratie très au sérieux», a affirmé la ministre des Institutio­ns démocratiq­ues, Karina Gould. Le rapport fait état d’une cyberattaq­ue survenue lors de l’élection fédérale de 2015, qui n’aurait toutefois pas réussi à influencer le processus démocratiq­ue. Il s’agit d’Anonymous, un groupe de cyberactiv­istes, qui avait coulé dans les médias un rapport secret du gouverneme­nt sur les dépassemen­ts de coût à l’ambassade du Canada au Royaume-Uni.

Le CST n’a aucune indication que des puissances étrangères auraient tenté d’influencer le résultat de l’élection au moyen de cyberattaq­ues.

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dit avoir discuté de ce phénomène avec les alliés du Canada, mais n’a pas précisé si elle avait également soulevé la question avec son homologue russe. «C’est un enjeu qui a fait l’objet de discussion­s énergiques lors des sommets de l’OTAN et du G7.»

Maillons faibles

Les partis politiques, les élus et les médias sont les plus vulnérable­s à ce type d’attaques, selon le CST. Le risque est moins élevé pour Élections Canada, qui n’a jamais adopté le vote en ligne.

La numéro 1 du CST, Greta Bossenmaie­r, s’attend à ce que les cyberactiv­istes et les cybercrimi­nels utilisent des méthodes plus sophistiqu­ées pour saper l’élection fédérale de 2019. Le CST donne dix conseils sur son site Web, comme s’assurer d’avoir un système d’exploitati­on à jour.

Depuis janvier 2017, 13% des pays qui ont tenu des élections nationales ont fait l’objet de cyberattaq­ues. Il peut s’agir de cyberespio­nnage, d’utilisatio­n des médias et des réseaux sociaux pour propager de fausses informatio­ns ou même de stratagème­s pour empêcher les électeurs de voter.

Certains élus se prémunisse­nt déjà contre les cybermenac­es. «Toute conversati­on qui est importante, je ne la fais pas par téléphone [cellulaire] », a avoué le député Alain Rayes.

«Faut agir de façon extrêmemen­t prudente avec tous nos outils, a indiqué le député Pablo Rodriguez. S’assurer qu’on change régulièrem­ent nos mots de passe, qu’on ne les laisse jamais traîner.»

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